"L'amant double" se révèle la quintessence du cinéma de François Ozon à la puissance 10. Tout ce qui en fait l'intérêt, à savoir les portraits fouillés de femme, son amour absolu pour les grands cinéastes du passé, ce jeu constant avec le spectateur sur les apparences, les images trompeuses qui montrent tout en suggérant autre chose, se trouve réuni dans ce thriller érotique.
En se basant sur un roman de Joyce Carol Oates que celle-ci a écrit sous le pseudo de Rosamond Smith, on sent déjà la duplicité qui unit les deux artistes, ce jeu de miroir qui est leur quotidien. Pourtant, le thème du roman comme du film, la gémellité , reste un sujet rabâché auquel le réalisateur va y accoler un exercice de style autour du désir féminin.
Sur cette histoire de femme fragilisée par des maux de ventre et dont l'analyse va tourner court pour cause de passion amoureuse entre patiente et thérapeute, François Ozon plaque une palanquée de références cinématographiques aussi chics que parfois inutiles ( Polanski, l'inévitable Hitchcock, de Palma, Bunuel, Lang, ...), ainsi qu'une image ultra léchée qui magnifie des décors géométriquement pensés au millimètre. Tout cela en impose beaucoup, trop peut être, surtout que l'histoire se complexifie un peu plus à chaque scène. Le jeu de miroir ( au propre comme au figuré ), imposé par un scénario énigmatique rend le tout un peu plus lourd encore. A trop vouloir charger la barque psychanalytique de symboles variés, on frise l'indigestion. Trop beau ? Trop pensé ? Trop ambiguë ? trop clinquant ? Oui, sans hésitation, même si le film demeure toutefois agréable à regarder, une jolie lumière accompagne de beaux acteurs parfaitement convaincants.
Un petit détail cependant m'a fait plaisir. J'ai retrouvé le François Ozon de ses débuts, le frondeur, celui qui osait un peu défier la bien pensance ambiante. On trouve dans "L'amant double" des scènes de sexe comme on voit rarement dans ce genre de productions plutôt grand public. Sans les dévoiler, disons que le deuxième plan du film, gonflé et pour moi inédit, nous fait pénétrer très profondément dans l'intimité de son personnage féminin et une scène de sodomie, qui a fait rire nerveusement quelques spectateurs présents et fait sortir d'autres de par sa proposition, fait passer celle du beurre du dernier tango pour une bluette.
Cependant, malgré ce petit retour à l'insolence, "L'amant double", trop copieux, et trop maniéré, avec sa conclusion un peu décevante, fait figure de demi-réussite.
N'ayant lu aucune critique, je ne m'attendais donc à rien.Marine Vacth n'est pas cité dans votre critique, pourtant je trouve qu'encore une fois elle illumine le film à elle seule, comme dans "jeune et jolie"(même si cette fois, elle apparaît plus "femme", les cheveux courts y sont peut-être pour beaucoup?bref). Et comme je m'attendais encore moins à un thriller, j'ai été happée par l'histoire! C'est merveilleux finalement de ne rien attendre d'un film et de se laisser surprendre! Bien triste qu'il se soit pris autant de coups de "cannes"...
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