Après deux jours de compétition, de déjà quelques polémiques, d'un petit flot de films diversement accueillis que ressens-je depuis le pays de la rillette ? Une petite impatience d'être fin août, date des premières sorties de ces films qui se montrent sur la Croisette, se fait déjà sentir.
Les 4 longs métrages présentés en sélection officielle semblent loin de faire l'unanimité. Evacuons "Okja", le produit Netflix que nous ne verrons pas au cinéma. Je ne sais si c'est par pure défense du système, mais malgré la présence de la toujours singulière Tilda Swinton, le nouveau Bong Joon-ho provoque plus de moqueries que de compliments. Pas encore aujourd'hui que je vais verser ma dîme à Netflix pour regarder un téléfilm ( avec en plus un Jake Gyllenhaal soit disant épouvantable et en roue libre).
Les trois restants paraissent posséder un certain nombte d'éléments alléchants, assez pour que l'on puisse d'ors et déjà les inscrire sur notre carnet de bal.. "La lune de Jupiter" en s'emparant d'une thématique autour des migrants ne peut que s'attirer la sympathie des siroteurs de mojitos dans les fêtes cannoises, même si le film hongrois a pu en agacer certains par sa mise en scène électrique et son fond très, trop spirituel ( mais pas christique ). Décevants aussi pour mal de critiques, les deux nouveaux opus de deux réalisateurs chouchous, Todd Haynes et Andreï Zviagintsev, mettant en vedette des enfants. Le premier, en abandonnant son thème de prédilection autour des relations ambiguës, ne convainc pas tout le monde avec une histoire parallèle de gamins sourds, seule la photographie fait l'unanimité. Le deuxième, comme toujours avec un discours politique sous-jacent et une absolue beauté du cadre, divise par soit trop de noirceur, soit par son côté donneur de leçon. Ce non consensus me titille pas mal et je suis certain que lors de leur sortie à l'automne, les critiques vireront à l'éloge.... comme celles, absolument poisseuses de cirage, proférées ad nauseam par les commentateurs de la montée des marches de la télé du festival.
Finalement, et cela devient une habitude, c'est dans les sections parallèles que semblent émerger les films les plus tentants. A la quinzaine des réalisateurs, Juliette Binoche illuminerai"Un beau soleil intérieur " de Claire Denis ( même si cette dernière, filmant un coton tige dans un cendrier pendant 1h30 ferait s'esbaudir la presse tellement elle a le ticket). Le "Barbara" de Mathieu Amalric, non pas biopic, mais critique de biopic ( bien plus auteur!), présenté en ouverture d'Un certain regard, dont je soupçonne le calquage sur le côté poseur du dernier Desplechin ( les articles ampoulés et pleins de circonvolutions intellos et gênées n'arrivent pas à cacher le côté sans doute un peu arty/chiant du truc), m'attirera comme un festivalier à une soirée Magnum grace à la présence de Jeanne Balibar.
Il y a cependant un film qui tire son épingle du lot dans ce flot de rédactionnel divers et varié, c'est "Juste avant l'été" le documentaire franco-suisse de Maryam Goormaghtigh, road-movie de trois amis iraniens sur les routes de notre pays. On parle de générosité, de burlesque, d'onirisme pop, d'existentialisme, ... Malgré la même photo de trois mecs, pas avenants, vautrés sur des transats qui illustre systématiquement les articles, passer un moment avec eux sera, je le sens, l'incontournable de la rentrée ( surtout si l'on veut briller dans les conversations chics du bar di ciné art et essai de votre ville). Ce film, présenté dans la sélection Acid, qui n'est pas un quelconque vitriol pour le festival mais bien l'Association des Cinémas Indépendants pour la Diffusion, propose une programmation qui s'avère de plus en plus (im)pertinente au fil des années ( l'an passé y fut présenté le magnifique "Le parc" de Damien Manivel). Du coup, c'est leur affiche que j'ai mis en ouverture de ce billet ( et dire qu'ils n'ont droit qu'à un misérable 1/8 de page dans le numéro spécial Cannes du film français !)... Et partie comme elle est partie, c'est sans doute de la dynamite !
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