Une fois n'est pas coutume, cette rentrée j'ai sacrifié une heure à la lecture du dernier Amélie Nothomb. ( Oui, le roman n'est pas épais, écrit gros et avec des marges de bonne taille). Je dis " sacrifié", mais l'expérience reste agréable, c'est quand même plus passionnant que de regarder "Master chef " ou de tondre la pelouse. En regardant dans le rétroviseur, je n'avais rien lu de notre monument national belge depuis "Stupeur et tremblements" , 18 ans déjà puisque c'était en 1999 ! A l'époque, j'avais beaucoup aimé ses souvenirs japonais revisités. Pourtant la suite de sa production métronomique ne m'avait jamais vraiment tenté, encore moins depuis qu'elle apparaissait systématiquement en couverture de ses ouvrages, telle une reine de la littérature un peu auto-proclamée. Chaque fin d'été, François Busnel dans son style ravi de la crèche depuis que son émission brosse à reluire est devenue prescriptrice vient au secours des ventes en l'invitant dans son émission de rentrée alors que, un peu partout, on peut lire des avis, souvent les mêmes, sur cette nouvelle livraison, généralement sa meilleure depuis longtemps... Personne n'indique où se trouve exactement le curseur, longtemps devenant ainsi une notion vague finalement peu pertinente... mais surtout vendeuse.
Donc, malgré la couverture portrait façon geisha sinistre et l'ébahissement agaçant de Busnel, j'ai voulu vérifier si "Frappe-toi le cœur ", " son meilleur depuis longtemps" , pouvait rivaliser avec son évocation d'il y a presque deux décennies sur le monde de l'entreprise nippone. Est-ce que parce qu'en presque 20 ans, j'ai lu des centaines de romans, que mes goûts se sont sans doute affirmés, que mon opinion est mitigée ? Où est-ce que cette petite entreprise honorable de production romanesque annuelle souffre un peu de ce rythme cadencé ? Sans doute un peu des deux, mais la magie n'a pas complètement opéré. Le roman se présente un peu sous la forme d'un compte avec une mère marâtre qui n'aime pas sa fille aînée. Le thème est plutôt bien vu, bien traité, avec un certain mordant pas désagréable du tout. Au moins on ne pourra pas reprocher à Amélie Nothomb de tomber dans cette insupportable littérature bourrée de bons sentiments qui "fait tellement de bien". Cependant, et c'est peut être là où le roman ne convainc pas tout à fait, l'intrigue bascule quelque peu dans la deuxième partie, virant vers un thème plus mode et pas mal traité ces derniers temps, l'amitié toxique. Même si l'écrivaine, arrive habilement à retomber sur ses pattes à la fin, sa façon de faire avancer rapidement son histoire en laissant de côté la profondeur des personnages et l'intensité de leurs rapports, laisse le lecteur sur sa faim. Au final, on a un roman facile à lire, un peu piquant, mais sans doute pas assez élaboré pour emballer totalement. On peut donc rêver, qu'une fois, Amélie fasse une pause, oublie son champagne et son fichier de lecteurs et se consacre pour une fois à un roman plus touffu, d'une plus grande ampleur et qui nous plonge plus longuement dans un univers et une écriture évidents et qui mériteraient une œuvre d'une plus grande ambition.
Pour moi, son seul roman "touffu, d'une grande ampleur et qui..." reste son premier : Hygiène de l'assassin.
RépondreSupprimerLes autres se ressemblent tous, aucun ne ressemble à celui-là.
Mouais... J'ai arrêté Nothomb depuis dix ans. Ras-le-bol de voir sa tête sur toutes ses couvertures à chaque rentrée. Pourtant je l'ai beaucoup aimée... Mais je ne la regrette pas, j'ai trouvé mon bonheur ailleurs. Plus de modestie ne lui ferait certainement pas de mal.
RépondreSupprimerCa tombe bien, j'avais une heure à perdre;-). Je partage complètement votre avis,au début elle ose, elle y va fort même sur ce non amour maternel, et puis..patatras! Dans le même thème d'amitié toxique, j'étais davantage restée en apnée à la lecture de "respire". Moi aussi je serais tentée de citer Musset comme elle:"fuyez la, elle vous court après!"(car les Nothomb, même si on ne les achète pas, on vous les passe tjs à lire!!)
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