mercredi 6 septembre 2017
L'invention des corps de Pierre Ducrozet
Alvaro, jeune pro d'informatique au fin fond du Mexique, échappe de peu à un massacre orchestré par la police locale contre des étudiants. La décision de passer clandestinement la frontière est prise et donc en route pour les USA. Après quelques péripéties, inévitables lorsque l'on erre dans ces zones aussi désertiques que dangereuses, le voilà arrivé à Los Angeles où il se fait recruter pour servir de cobaye dans une structure appelée " Le cube". Propriété d'un milliardaire du net issu d'un mariage entre Steeve Jobs et un méchant façon James Bond, cette entité de recherche s'emploie à essayer d'améliorer l'espèce humaine pour la tirer vers une sorte d'immortalité.
Mais Alvaro est beau et magnétique. Mais Alvaro cache un cerveau où bouillonne le génie de l'informatique qui le fait arpenter les chemins du darknet plutôt que les rues siliconées et péroxydées de la ville des anges. Mais Alvaro a beau renvoyer un comportement autistique, il arrive à rencontrer tout de même Adèle, chercheuse de talent recrutée par le démiurge local et qui manipule les cellules souches comme moi les coquillettes. L'alchimie de ces deux là va se révéler aussi explosive que les desseins pseudo humanitaires du milliardaire qui les emploie...
A priori, et résumé de cette façon, "L'invention des corps" apparaît comme un sacré bouquin d'aventures, ce qu'il est sans conteste. Sauf qu'à la lecture, cette tonalité se retrouve diluée dans une construction plus complexe, avec une volonté de l'auteur à vouloir verser dans la fable documento/scientifico/philosophique. Le récit avance sur les chapeaux de roue mais en prenant des virages en épingle à cheveux, évitant les étalages de facilité, empruntant les rues plus tortueuses des explications scientifiques, dévalant les pentes abruptes de la morale. On saura tout sur les recherches autour des cellules souches, sur le monde secret des hackers. Mais le lecteur sera aussi interpellé sur la violence du monde virtuel des réseaux web dominés par de jeunes hackers incontrôlables mais épris de vraie liberté, monde qui s'affronte avec un réel vraiment tout pourri, dominé par des vieux friqués qui ne veulent pas disparaître. Cette querelle des anciens et des modernes, portée ici à son paroxysme, donne un roman teigneux et vif, construit un peu comme un réseau internet avec ses liens distants qui se recoupent sans cesse. Les corps des personnages sont au final les vrais héros de ce roman, corps jeunes, enviés, mutilés, pucés, tués mais aussi résistants, non solubles dans les compromissions d'un monde où les vieux corps résistent en devenant de plus en plus abjects.
Pierre Ducrozet signe une fable ardente et fougueuse qui risquera sans doute de décontenancer les amateurs de classicisme mais qui le place désormais dans ces auteurs qui empoigne un présent aux enjeux scientifiques et technologiques majeurs.
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Joli commentaire qui me donner envie de noter ce livre... Mais je le trouverai, en son temps, à la bibli
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