mardi 5 septembre 2017

Le prix du succès de Teddy Lussi-Modeste

Voilà le genre de film qui entre dans cette catégorie incertaine des longs métrages agréables à regarder mais oubliables. Le sujet autour de la toxicité familiale dans l'ascension d'une jeune vedette en vaut un autre et possède même un soupçon d'originalité car peu traité au cinéma. L'histoire nous plonge d'emblée au cœur de l'action où nous découvrons une star comique montante et son frère manager grignotant dans leur Ferrari et reconnus par une bande de jeunes excités à l'idée de faire selfies et vidéos pour les copines. La rencontre, franchement lourde, finit par agacer la célébrité et vire même au règlement de compte car le frérot a le sang chaud. Tout est posé dans cette première scène, l'agacement de la star face à un frère un peu incontrôlable, la rupture avec le milieu d'origine dont l'exhibition des atours de la réussite en font des beurs devenus "beurgeois" comme le balancent si bien les fans qui mesurent soudain le fossé. Durant une heure trente, le film va creuser, gratter dans ce terreau narratif, mettre en évidence la complexité des sentiments entre les deux frères, la violence qui sous-tend leurs rapports, et montrer combien le comique d'origine musulmane venu de banlieue n'est pas facilement soluble dans le show bizness parisien. La réalisation parvient à sonder les personnages, filmant les protagonistes au plus près, avec une caméra rarement posée, fouinant toujours les décors et les corps pour ne jamais perdre une tension permanente. De ce côté là, le film est réussi, illustrant joliment un scénario bien construit ( même si je regrette une fin un peu bateau) et offrant quelques jolies scènes fortes et intenses ( merci Roschdy Zem pour son jeu teigneux).Mais alors d'où vient le fait que je fasse la fine bouche ? La réponse est : Tahar Rahim, absolument pas crédible en comique à succès. Certes il est photogénique mais son jeu composé d'une expression et demie s'avère trop limité. Heureusement pour nous, il possède parfaitement celle du tourment ( et dieu sait si l'idée d'évincer son frère le tourmente !) et un peu celle de l'interrogation ( le froncement de sourcil n'est pas encore tout à fait au point). Du coup, les scènes hors spectacle, bien plus nombreuses que celles du stand up, ne fonctionnent pas trop mal. Et si vous ajoutez une Maïwenn tout en sobriété et douceur et une belle bande musical de Rob, le film reste plaisant.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire