dimanche 7 octobre 2012

Reality de Mateo Garrone



Ca commence comme un mauvais rêve. Un long et très beau travelling suit une espèce de carrosse doré tiré par deux chevaux blancs. Nous arrivons dans un luna-park à mariage où plusieurs couples ont du s'endetter pour fêter leur union dans ce lieu rococo et kitsch à souhait. L'apothéose de cette soirée, est la venue d'une vedette de la télé-réalité, qui tel un dieu cathodique, bénira, en quelque sorte  et durant trois minutes chrono, chacune des noces présentes. Une fois l'hystérie passée, tout le monde rentre chez soi et retrouve son habitation d'un quartier déshérité de Naples. Chacun retire son beau costume, sa robe pailletée et retrouve un quotidien fait de travail, de chamailleries, de petites escroqueries et d'une télévision berlusconienne omniprésente dans tous les foyers. Poussé par le hasard et par ses enfants, il se trouve sélectionné pour le casting final d'une émission de télé réalité du style "Secret story" chez nous. Là, le rêve est à portée de main et l'espoir d'une hypothétique richesse se profile à l'horizon.
En prenant son temps (trop peut être), Matteo Garrone suit son poissonnier qui tombe dans la paranoïa puis dans la folie douce. Son monde va s'amenuiser à mesure que son obsession pour ce divertissement minable va s'installer dans se tête. Satire de l'impact de la télé sur une population démunie, "Reality" brosse un tableau émouvant de l'Italie du Sud. Bien que fellinesque, la famille du poissonnier est filmée avec respect et tendresse, comme les victimes involontaires d'un système qui les dépasse. Ils veulent le quart d'heure de gloire factice promis par Andy Warhol, comme si c'était l'unique espoir d'une vie de sacrifiés. Seulement la machine médiatique, cynique et impitoyable, les broiera tous dans une indifférence carnavalesque.
Le film, sur ce plan là, est réussi en grande partie grâce à un scénario efficace, mélange de tension sociale et de comédie grinçante. Je reste toutefois réservé sur la dernière partie, plus relâchée et nettement moins convaincante, avec le retour d'une église catholique aux abois et un personnage principal devenu quasi illuminé, la critique mordante laissant la place à une imagerie un peu sulpicienne.


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