Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis toujours très curieux de nos chanteurs francophones d'outre Atlantique. C'est donc avec la gourmandise d'un Jacques Cartier de salon que je suis parti à la découverte de Louis-Jean Cormier, dont "Les grandes artères" est le premier album à sortir en Europe après quelques beaux succès au Québec.
Si l'on s'en tient à la première écoute, ce n'est pas gagné. La voix, ressemblant un peu à celle de Gilles Vigneault, m'a paru étouffée, en retrait par rapport à des arrangements parfois tonitruants, mais peut être est-ce une façon de susurrer des chansons avec l'accent québécois. Du coup les textes sont un peu passés à la trappe, laissant juste l'impression que l'ensemble surfe sur un désarroi amoureux suite à un départ, une rupture, le mec qui regrette de n'avoir pas su aimer comme il faut, bref une routine sentimentale déjà creusée ailleurs jusqu'à l'os.
J'aurai pu en rester là, mais c'est mal me connaître car la première écoute a suscité quand même un certain intérêt et je décidais donc remettre mon casque et d'être plus attentif. Et petit à petit, l'univers du chanteur se déploie et finit par entrer dans l'oreille. Son mélange de folk et d'arrangements plus surprenants,entre fanfare et pop rock décomplexée, qui va jusqu'à oser des effets grandiloquents arrive à séduire. Et alors apparaissent quelques textes où une jolie poésie autour de la rupture amoureuse côtoie aussi des textes plus politiques comme dans "La fanfare" qui évoque clairement le printemps d'érable; ( "Tant qu'il nous reste le coeur et la mémoire..."). D'autres titres se détachent toutefois, la jolie ballade "Si tu reviens " et son clip qui incite à la création, " Le jour où elle m'a dit je pars" dont la tristesse enveloppe la voix et la guitare jusqu'à surprendre avec son envolée quasi symphonique ou " Montagne russe" au spleen délicat.
Bien plus qu'un chanteur de bluettes vociférantes ( apanage réservé aux chanteuses locales), Louis-Jean Cormier, guitariste sensible et créatif, joue des coudes et des cordes pour imposer son univers de pop mélancolique, parsème, ici et là, riffs de guitare et touches de banjo, donnant ainsi à son album une atmosphère intimiste aux couleurs d'un été indien que l'on voudrait retenir.
On enfile sa chemise à carreaux, on fait couler du sirop d'érable sur sa crêpe, puis on ferme les yeux et on embarque pour le Québec. " Les grandes artères" nous emportera au Canada sans que notre quota d'empreinte carbone en souffre et l'on découvrira un nouveau talent qu'il faudra surveiller.
Cette compil de l'été(qui se prolonge!) est très accès sur la cardio non?
RépondreSupprimerEt oui, Louis-Jean Cormier, le chanteur de Karkwa! Il ne nous reste qu'à fermer les yeux...Merci pour ce voyage.