Avec Christophe Donner, point d'allusions, de sentiments et de désirs cachés, il aborde le récit de la découverte du sexe chez un adolescent ( la sienne en l'occurrence) sans aucun détours. De sa première masturbation à son premier rapport sexuel satisfaisant, deux ans se passeront, la curiosité du sexe chevillée au corps et à l'esprit. Composé de courts chapitres aux dialogues simplissimes comme dans la vie, le récit suit le quotidien de ce jeune adolescent issu d'une famille aisée et moderne comme il en existait quelques unes à la fin des années 60. Sortant de l'enfance mais avec une grande curiosité d'esprit, Christophe fera son apprentissage en slalomant entre racontars de ses pairs et la grande liberté que lui imposent des parents intellos et très occupés à jouir de leur côté, mettant en pratique les idéaux que mai 68 avait engendrés. Il goûtera à tout, filles, garçons, frôlera même l'inceste.
Ce roman autobiographique peut sembler d'un premier abord un peu vain. L'écriture simplifiée, relâchée, amplifie cette impression. Mais au final, une fois le livre refermé, on se dit que Christophe Donner a su trouver la juste distance pour traiter de ce sujet sensible, prenant soudain, malgré son aspect anecdotique voire facile, un certain caractère historico/sociologique. L'écriture sans affect permet de mieux saisir ce que fut cette époque très singulière d'après 68, où être libre n'était pas une simple théorie, où tous les diktats sociétaux, moraux, politiques étaient mis à mal par des hommes et des femmes pour qui jeter slips et soutien-gorges à la poubelle n'était pas que symbolique. L'approche de la sexualité est bien sûr au centre du récit, zone de fantasmes, univers incertain, terrain de jeu angoissant, mais transparaît aussi cette énergie de vivre sa vie pleinement, ce sentiment de liberté que certains ont pu pratiquer pleinement avant une lente récupération par un système qui aime beaucoup les barrières.
"L'innocent" est le récit sans fard d'un moment important de la vie d'un adolescent. Comme tout récit autobiographique, il n'a pas valeur d'exemple. L'identification n'est pas souhaitée non plus, au mieux le parfum disparu de ces années peut réveiller un peu de nostalgie chez des lecteurs ayant connu cette époque. Mais cette éducation sexuelle autogérée et racontée avec le recul un peu étonné de l'âge, est aussi, en creux, le récit d'une période absolument unique du 20 ème siècle...et très loin des atermoiements des personnages de Visconti.
Je ne suis pas très sensible au autobiographie
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