C'est une sacrée bonne idée d'avoir demandé à Ralf König de faire son Lucky Luke. Certes l'auteur allemand, avec son oeuvre résolument gay derrière lui, s'est vu demandé de ne pas offrir à l'homme qui tire plus vite que son ombre une sexualité mais quand on lit le résultat, l'univers du héros a été sacrément dépoussiéré.
Tout en gardant ses thèmes favoris ( et surtout sa lutte incessante contre l'intolérance), reprenant tous les codes de la série ( Dalton, Calamity Jane, cow-boy solitaire, arrivée de nouveautés dans un ouest américain plouc) et jouant magistralement de ceux de la culture gay, Ralf König nous offre une histoire hilarante. Lucky Luke plus viril/macho car dessiné avec un gros paquet, érotisé au maximum ( nous verrons pour la première fois ses tétons) va rendre fou de peur mais aussi de désirs un ouest pas encore tout à fait prêt à accepter la différence. Il traîne sa nouvelle dégaine dans un ouest assez bousculé après l'affaire de "Bareback Montain". Il doit convoyer un cocasse troupeau de vaches suisses ( mauves bien sûr!), choisit un aide rejeté par la société du coin ( parce que roux mais suspecté d'être gay) et y croisera une Calamity Jane lesbienne ( ce qui semblait être le cas dans la réalité).
Le scénario, habilement troussé dans un jeu de flash-back faisant oublier la nécessité de respecter absolument tous les codes de la série, démontre, s'il le fallait, combien Ralf König est un maître du vaudeville et de l'humour. Passé à sa moulinette, Lucky Luke prend un sérieux coup de jeune et de modernité. On s'amuse franchement dans cet hommage, qui n'est pas seulement une curiosité mais bel et bien un album très réussi.
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