jeudi 21 octobre 2021

La jeune fille et l'araignée de Ramon et Silvan Zürcher


Attention vrai film d'auteur(s) ! Et quand je dis auteurs, c'est bien tout ce que cela peut comporter dans le terme : originalité, univers personnel, vraie écriture tant dans les dialogues que dans la mise en scène, mais aussi son corollaire pour le spectateur, questionnement, interrogation, ennui possible, rejet. 
L'histoire se déroule durant un aménagement d'appartement par une jeune fille dont la précédente colocataire a décidé de prendre le large. C'est banal, sauf que dans ce moment particulier où amis et voisins viennent donner un coup de main, rien ne l'est vraiment, tant les frères réalisateurs brouillent les pistes. Mais que fait Mara ( celle qui part, est partie, ancienne maîtresse ? ancienne juste amie ? ) à traîner sans en glander une au milieu de ces gens qui s'agitent ? Elle regarde, refile son herpès, envoi des piques, rudoie un peu, drague, se coupe le doigt, ... Mais que se passe-t-il dans ces têtes qui cherchent on ne sait quoi...à changer l'espace d'une nuit de partenaire, caresser l'espoir d'une aventure ou simplement vaincre une mélancolie qui semble les envelopper ? On ne le sait pas trop, on le devinera parfois, le constatera à d'autres...ou pas, mais tout en douceur et en plans chorégraphiés minutieusement sans que cela soit trop visible. Et puis, il y a, revenants à intervalles réguliers comme pour scinder le film en parties bien précises, ces gros plans  ( verres, café qui coule, une cigarette qui se consume, ...) comme si ces objets vivaient leur propre vie en parallèle, le tout accompagné de multiples versions du tube de Desireless "Voyage, voyage". C'est un peu Rohmer pour les jeunes filles, un peu Mouret pour les amours et c'est surtout Zürcher car, la chose est rare, cela ne ressemble à rien de connu. 
"La Jeune Fille et l'Araignée" surprendra par rythme, son esprit très décalé et refusant une narration simple, jouant sur l'empathie du spectateur et surtout sur son envie de jouer à décrypter les enjeux de tout ce petit monde. Cela peut irriter, laisser sur le bord de la route. Cependant, découvrir un univers original est rare à une époque où tout se formate de plus en plus. Oui nous sommes vraiment devant un film Art et essai, ça fait du bien même si on ne comprend pas tout. Il est bon parfois de continuer à se poser des questions une fois les lumières rallumées... Une chose est certaine, ces frères Zürcher sont vraiment des auteurs! 




 

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