lundi 11 octobre 2021

Feu de Maria Pourchet



Si l'on se plonge dans "Feu" avec l'espoir d'y trouver une jolie histoire romanesque qui fera battre son  coeur à la suite d'une héroïne, d'un héros, avec lequel on va s'identifier et s'attendrir, on risque de rester en rade. L'enjeu de ce nouveau roman de Maria Pourchet, après le formidable "Les impatients", est évidemment ailleurs, sans doute revisiter un thème rebattu de la littérature : l'adultère. En gros une femme,Laure, quarantenaire, mariée, avec 2 enfants pas du même père, fait une fixette sur Clément, un cinquantenaire célibataire, aux revenus s'énonçant en Keuros car bossant dans la finance. Il n'est pas un tombeur loin de là mais se laisse faire et se lance sans réel entrain dans une relation sans passion nourrie de chambres d'hôtel louées à la va-vite et quelques sms laconiques. Elle par contre, fantasme complètement cette relation et s'investit corps et âme. Depuis "Madame Bovary", rien n'a donc changé...
Heu si, quelque chose a changé depuis Flaubert, en plus de la facilité de la rencontre, c'est la façon de raconter. Dans un style totalement personnel, qui, de prime abord peut surprendre, désorienter, faire relire une phrase ou deux pour bien saisir le sens ( mais dans lequel, au bout de trente pages, on se glisse sans difficulté), Maria Pourchet explose le thème par cette façon inimitable de mêler sans complexe le trivial avec les sentiments profonds, la réalité rude des pensées discordantes des deux protagonistes avec la vie domestique voire sociale de l'époque. C'est un feu d'artifice qui va crescendo contrairement à beaucoup de romans qui ont une bonne idée de départ et se délitent ensuite dans la banalité. Avec ses deux personnages pas vraiment sympathiques ( plus un chien) et bourrés de contradictions, le roman se révèle un révélateur ironique de nos comportements d'humains occidentaux à la recherche de sensations préformatées par tout ce qui nous inonde sur écran comme sur papier, donnant ainsi une image de l'amour bien plus franche que d'habitude.
Brillamment écrit dans un style qui peut surprendre, narrant comme rarement la rencontre de deux personnes, se moquant de faire plaisir au lecteur en lui offrant ce qu'il aime lire mais en le titillant de façon plus originale, "Feu" est un des bons romans de cette rentrée qui confirme le talent particulier de Maria Pourchet. 

 

1 commentaire:

  1. Bonjour Pierre, ce roman est le seul qui me fait envie dans cette rentrée littéraire. Je n'ai lu et entendu que du bien à son sujet. Bonne après-midi.

    RépondreSupprimer