Après les prix et le succès de "Frère d'âme", on attendait avec impatience le nouveau roman de David Diop. Le défi est de taille, la tâche a dû se révéler ardue.
Le titre est fort, faisant allusion à l'île de Gorée une des nombreuses place forte du commerce des esclaves et bien dans la lignée des thèmes de l'auteur. Il y sera question d'esclavage bien sûr, mais plutôt en second plan, le texte se concentrant sur le récit d'un naturaliste français, que le temps a effacé des mémoires, Michel Adanson. Nous sommes au mitan du 18ème siècle et c'est en presque aventurier qu'il débarque au Sénégal pour y étudier la flore dans le but de publier une grande encyclopédie. Il est jeune, à peine une petite vingtaine d'années, âge où l'on peut s'enflammer très vite. Ce sera le cas lorsqu'il entendra une histoire racontant l'évasion d'une jeune femme promise à l'esclavage et jamais retrouvée. Il part à sa recherche avec fougue et, sans réseaux sociaux ni échange virtuel, en tombe petit à petit amoureux...
C'est donc à une sorte de roman d'aventures que nous convie David Diop, mâtiné d'une once de passion et enveloppé dans une belle écriture, discret hommage aux écrivains du 18ème. On y trouvera de très belles pages sur le racisme ainsi que la biographie romancée de ce naturaliste. C'est agréable à lire mais pas totalement emballant. Le texte est une sorte de récit gigogne. La fille du naturaliste, lors d'un déménagement, tout en étant séduite par un jeune et fringant architecte, trouve le journal de son père qui lui est adressé ( c'est le récit principal d'aventures et de cet amour impossible d'un blanc avec une noire) et qui l'amènera ensuite à se confronter à quelques méfaits de la politique coloniale. Le roman est évidemment un beau plaidoyer antiraciste, éclairé par le recul de l'histoire mais peine un peu à décrire cette passion impossible et dont une construction pas vraiment convaincante amoindrit le côté romanesque.
Roman plein de belles intentions et de belles pages, "La porte du voyage sans retour" reste cependant un peu en dessous de son précédent mais pour qui aime les récits d'aventures à la David Livingstone, le plaisir de lecture sera évident avec, en prime, une belle réflexion sur les ravages de l'esclavage et de la colonisation.
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