dimanche 22 novembre 2015

El club de Pablo Larrain


Si vous projetez quelques vacances au Chili, pas sûr que la vision du magnifique " Le bouton de nacre" de Patricio Guzman sur les différents génocides qui ont secoué ce pays associée à celle de "El club" cette semaine vous fassent foncer dans la première agence de voyages venue.
Pourtant, le film de Pablo Larrain se situe dans ce qu'il semble être une petite station balnéaire. Il démarre sur une plage de sable plutôt noirâtre ( pas terrible pour étendre sa serviette ) où un homme joue avec un chien... Le temps est gris, l'image brumeuse sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'un brouillard naturel ou de filtres ad hoc ( en fait, des filtres utilisés dans de vieux films soviétiques). Bref, c'est déjà un peu glauque et la suite ne va pas infirmer cette première scène puisque nous voilà au sommet d'une colline où un groupe d'hommes à la mise sans âge et sans goût, observe à la jumelle une course de lévriers dans laquelle on reconnaît le chien de la plage, cornaqué cette fois-ci par une dame en sweat Gap. Le chien ayant remporté la course, nous retrouvons ce groupe autour d'une table, dînant presque en silence. J'ai pensé être parti pour un de ces polars où des marginaux vont subsister et se battre avec d'autres amateurs tout aussi à l'écart via de minables courses de clébards. Grossière erreur !  La suite va nous apprendre que ces hommes sont d'anciens prêtres mis à l'écart et que le Vatican soustrait à la justice des hommes même s'ils ont commis des actes répréhensibles (pédophilie, trafic d'enfants, ...). En gros, l'Amérique du sud en plus d'avoir été un repaire d'anciens nazis, est également spécialisée dans l'organisation de colos de vacances à vie pour les brebis galeuses de l'église catholique romaine.
Ce petit monde vit à l'écart, faisant quand même profil bas. L'arrivée d'un nouveau prêtre délinquant va bouleverser cette tranquillité. Le père Lazcano pensait se mettre au vert au bord de l'eau, mais c'est sans compter sur le hasard qui le met face à face avec un sdf qui n'est autre qu'une de ses anciennes victimes. Ce dernier hurle dans la rue, à qui veut l'entendre et avec les détails les plus crus, ce que le prêtre lui a fait subir. Devant ce déballage, l'ancien curé se tire une balle dans la tête. Branle bas de combat dans l'église chilienne et le Vatican. On dépêche vite fait un démineur de situations tendues, à savoir le jeune et beau père Garcia chargé de fermer cette maison...
Tout est malaise dans ce film! De ces prêtres qui n'ont aucun remord sur leurs actes à l'image constamment grise qui les enveloppe dans une brume sinistre. Même l'émissaire du Vatican est ambiguë à souhait, à la fois menaçant et séducteur, jamais on n'imagine où il veut en venir. Le film  arrive à semer le trouble dans l'esprit du spectateur, arrivant à créer une vague compassion avec le personnage du père Vidal tellement attaché à son chien. C'est sans doute pour cela que Pablo Larrain  arrive à éviter les écueils d'un trop grand moralisme démonstratif qu'un pareil sujet pouvait dresser. Le propos reste de toutes les façons sans équivoque. Sa position sur l'église catholique, extraordinairement retorse quand il s'agit de camoufler ses méfaits, utilisant avec des airs angéliques et pieux les pires exactions pour mieux retomber sur ses pattes, est ici montré sans concession. Cependant, cette plongée est si sombre, si pathétique, si tragique mais aussi si dégueulasse, si ignoble, que l'on en ressort les idées aussi grises que le sable de cette plage où ces religieux vivent toujours avec leurs prières à un dieu qui les protège des hommes et de leur justice.





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