samedi 21 novembre 2015

L'hermine de Christian Vincent



Michel Racine est grippé. Il est seul dans une chambre d'hôtel, il révise un dossier puis, avec sa petite valise à roulette et le nez qui coule, file vers son lieu de travail. Michel est le président redouté voire détesté de la cour d'assises de Saint Omer. Ce jour là s'ouvre un procès pour infanticide. Un jeune papa aurait tué son bébé trop criard à coups de rangers. Commence la valse des robes des juges, des apartés autour de l'affaire, des ragots sur le président. Tout se met en place petit à petit, chacun prend ses marques, un par un, les jurés tirés au sort s'assoient de part et d'autre des différents juges. Et furtivement, dans le regard pourtant implacable du président passe une lueur inhabituelle à l'appel d'une jurée d'origine danoise qui semble partager aussi ce trouble lorsqu'elle rejoint sa place. Le procès débute, théâtre d'un défilé de figures locales qui ne semblent pas en mesurer l'enjeu . Lors d'une interruption d'audience, Michel Racine envoie un sms à la beauté danoise, lui proposant de prendre un verre après l'audience.... Il la connaissait donc !
Que dire de "L'hermine" ? C'est le genre de film, très "qualité France", sur lequel se jetteront les lecteurs de "Notre temps" et les spectateurs de "Télématin". Ils passeront un très agréable moment à admirer la prestation toute en retenue de Fabrice Luchini et la beauté solaire de Sidse Babett Knudsen. Ils suivront avec attention ce procès, en tiquant peut être devant la présence un poil méprisante de témoins très typés Nord de la France à la limite du cliché, mais qu'une habile mise en scène arrive à faire vite oublier. Ils copineront avec les jurés, pas exempts de clichés eux non plus,comme s'il fallait à tout prix par leur intermédiaire, donner un petit témoignage de la France d'en bas.Ils retrouveront avec plaisir dans cette bande, Corinne Masiero , toujours impeccable mais dans son registre habituel de brave fille gueularde et populaire, Mais ils seront peut être comme moi en sortant de la salle et diront : "Et alors?". Si l'heure et demie passe très agréablement, la sensation de joli film est prégnante mais sans pour autant avoir rempli complètement son office. C'est soigné, bien joué, mais j'ai eu du mal à voir où tout cela voulait en venir. Certes on y trouve un regard pertinent sur le milieu judiciaire ou un délicat portrait autour d'un homme aux apparences glaciales qui cache tout au fond de lui un coeur tendre, mais sans que tout cela nous remue outre mesure. La joliesse de l'ensemble est plaisante, mais n'engendre aucune réelle réflexion comme si elle avait anesthésié l'esprit du spectateur en l'enveloppant dans une douce torpeur cinématographique. 


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