mardi 24 novembre 2015

La peau de Bax d'Alex van Warmerdam


Des marécages, un tueur à gages, de la dope, tout pour faire un polar bien noir, bien sombre, "La peau de Bax" se présente comme un énième resucée d'un film à l'univers bien balisé, sauf, que les marécages ne sont pas en Louisiane mais aux Pays Bas et que le réalisateur Alex van Warmerdam a décidé de jouer avec les codes du genre.
Le tueur néerlandais est un époux charmant, pourvu d'une compagne adorable et de deux fillettes à croquer. Mais le métier est difficile. Alors qu'il  avait décidé prendre sa journée, Schneider se voit obligé par son patron d'aller descendre un romancier alcoolo vivant au milieu des marécages. La fête d'anniversaire de sa cadette n'est pas compromise, abattre un écrivain un peu ermite n'est qu'une formalité qui ne demande ni temps ni grands moyens. Ca c'est sur le papier car dans la réalité, l'affaire va se révéler autrement plus coriace. Entre l'irruption d'une femme que son amant veut liquider et la famille sérieusement névrosée de l'écrivain qui débarque sans crier gare, le coup de pétard se trouve soudain bien difficile à placer.
Situé en plein été, par une journée ensoleillée le film donne déjà une première claque au genre. Non, pas de cieux grisâtres donnant  une atmosphère poisseuse et sinistre, pas de glauques demeures où la crasse y est une seconde peau mais une jolie petite cabane design à l'intérieur soigné et déco. Même les personnages sont tirés à quatre épingles et n'arborent pas une chemise fripée ou un pantalon informe qui feraient s'évanouir d'effroi la moindre machine à laver. Ce soin décalé apporté aux décors et aux costumes donne au film une allure propre et nette, accentuée par une mise en scène assez stylisée, avec de beaux cadrages proches de la peinture (contemporaine). La deuxième pichenette donnée au genre se situe dans le scénario, qui, même s'il utilise peut être un peu trop les apparitions fortuites de personnages, va toujours là où on ne l'attend pas, réservant des surprises à un rythme soutenu et maniant humour et dérision avec finesse.
J'ai pris une plaisir évident à vouloir "La peau de Bax", j'ai ri, j'ai frémi même, car un marécage reste un marécage, un danger peu surgir n'importe quand de derrière ces plantes luxuriantes. Totalement efficace, ce film néerlandais est une gâterie un peu noire mais réjouissante qu'une affiche un peu convenue ne devrait pas pénaliser pour peu que la curiosité (qui n'est pas un vilain défaut au cinéma et même ailleurs) vous pousse dans ses eaux inquiétantes.





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