samedi 21 octobre 2017

The square de Ruben Ostlund


Perplexe, je suis sorti perplexe de "The square". Laissons de côté les lauriers reçus à Cannes, on sait  ce critère très aléatoire. J'y ai retrouvé la même ambiance que dans le précédent film du réalisateur ( "Snow thérapy" en 2015 ), c'est à dire ces plans méticuleusement composés, un peu statiques mais d'une froideur toute nordique, cet humour grinçant, ce regard très désabusé sur nos contemporains et cette utilisation intrigante du hors plan . Assurément il y a une signature Ostlund, un univers.
Pour ce film-ci, on sent bien que Ruben Ostlund a décidé de passer à la vitesse supérieure ou plutôt avoue illico de plus grandes ambitions cinéphiliques. Tout d'abord, son discours qui jusqu'à présent se bornait à ausculter le couple, s'élargit vers la société toute entière. A partir du personnage d'un conservateur de musée d'art contemporain, imbu de lui même ( tant par le physique que par sa prétendue intelligence), le récit va nous brosser le portrait d'une humanité égoïste, incapable de s'intéresser à l'autre, dépendante des technologies nouvelles, obnubilées par le fric, ignorant l'altruisme. Le sujet, balancé dans le milieu de l'art contemporain, aurait pu être intéressant, caustique, cynique, percutant. Seulement le film se mord la queue et devient ce qu'il dénonce : une oeuvre ( d'art ?) pédante et sentencieuse. A vouloir épingler la médiocrité ambiante avec un discours parfois abscons, en allongeant tant les scènes qu'elles finissent par apparaître comme des sketches mis bout à bout, en les rendant parfois peu compréhensibles ( comme celle du préservatif à la chute naze), en surlignant le propos, en essayant d'être constamment  beau et original sans que cela serve réellement le propos, tout cela finit par laisser de marbre. Bien sûr, quelques passages font mouche ou intriguent agréablement ( comme cette séquence entre le héros et la journaliste piquée, placés devant un empilement de chaises vacillantes et où la bande son nous fait entendre des bruits sourds de tremblements et de chute ) mais, force est de reconnaître que le propos s'enfonce dans un ensemble hétérogène peu convaincant. Il finit même par devenir ce qui était critiqué dans une des premières scènes du film où, toujours cette même journaliste givrée interrogeait le conservateur du musée sur ses propos hermétiques mis sur son site internet : un film pompeux et verbeux, qui se regarde le nombril.



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