Le premier chapitre nous saisit comme un roman d'aventures a pu le faire lorsqu'enfant on se plongeait dans (pour moi) "L'île au trésor" ou ( pour mes enfants) dans "Harry Potter", une furieuse envie de dévorer la suite, tant l'entrée en matière nous emballe. Imaginez un (fameux) trois mâts, une frégate pour être exact, échouée sur la cime d'arbres dans une forêt d'Amérique du Sud suite ( on suppose) à une tempête à faire pâlir l'ouragan Irma. Nous sommes au 17 ème siècle et les cargaisons de la flotte de sa très gracieuse majesté ( mais c'était peut être à l'époque un gracieux roi) se composaient en plus de victuailles, d'or, de pierreries, d'œuvres d'art. Et ce qui devait arriver arriva, à force de vent de pluies, de bourrasques ( et de temps), le bateau finit sa course en s'engloutissant à tout jamais dans la mangrove. Dans la tête de tout bon lecteur qui se respecte, tilte dans son esprit le mot "Trésor !" ( mieux que le loto !). Et qui dit trésor dit recherche et donc aventures ! Le lecteur, n'a même pas le temps de se frotter les mains de plaisir ( pourquoi faire d'ailleurs, cela ne sert à rien dans la lecture), qu'il tourne la page et se retrouve 3 siècles plus tard dans une commune pauvre du Vénézuela, construite au-dessus de l'endroit du naufrage, sans doute par hasard. Nous faisons connaissance des Otero, cultivant chichement un lopin de terre. Ce couple sans histoire avait une fille ( non pas la belle Otero !), Serena ( la belle se prénommait Agustina , rien à voir !). Rêveuse, passionnée de botanique, elle utilisera la TSF pour essayer de se créer un avenir un peu plus radieux ( vous l'aurez compris nous sommes dans les années 30, Facebook et Meetic ne sévissaient pas encore) en envoyant une annonce sibylline pour trouver un amoureux ( donc rien qui ressemble à : " JF sexy cherche mec jeune et bien membré pour plaisir immédiat"). La réponse se fait désirer et lorsqu'au bout d'une année ( le plaisir immédiat on ne connaissait pas à l'époque, on savait attendre...) se présenta un homme plutôt moche à la ferme, ce n'est pas en tant que futur amant qu'il a traversé des contrées ( que l'on devine vaguement hostiles) mais comme chercheur d'or, car, voyez-vous, malgré le manque flagrant de technologies au 20ème siècle, les affaires de trésors enfouis arrivent quand même à se faufiler au travers des années. Nous sommes au chapitre deux ....et je n'en dirai pas plus de l'histoire ( ce serait gâcher le plaisir du futur lecteur). Prenez votre pelle, votre chapeau et creusez .... heu non ...prenez vos lunettes ( si vous en avez besoin) et lisez !
"Sucre noir" s'avale cul sec ( comme le rhum produit par la suite sur cette ferme) . En plus des saveurs d'un récit qui nous met dans cet état enfantin où un bon roman d'aventures nous enflammait l'imaginaire, vous savourerez une écriture sensuelle et gourmande, mêlant alcool et épices, parfums des fleurs et tabac brun. Miguel Bonnefoy n'a pas son pareil pour trousser avec aisance et brio un roman à la fois palpitant, rapide et gourmand. ( Faut dire qu'à l'heure actuelle, sur ce créneau, ils ne sont pas nombreux à occuper le terrain). En presque 200 pages et deux générations, nous suivrons, entre deux verres de bon vieux rhum, la progression des personnages vers ce trésor, transformant petit à petit le récit en conte philosophique.... Et c'est peut être dans cette narration un peu rapide et à la morale un peu banale ( en gros, l'argent ne fait pas le bonheur) que le roman peut décevoir un petit peu ( moi, en tous les cas...). Mais ne boudons pas le plaisir de passer quelques heures avec la très bonne compagnie d'une jeune auteur prometteur et bourré d'imagination, dont le style à la simplicité efficace et charnelle ne pourra qu'enchanter tous les lecteurs, de l'exigeant au simplement avide de belles et bonnes histoires.
Et un tube vénézuélien pour accompagner cette chronique ...
Prête pour vivre cette route du rhum!
RépondreSupprimerDéçue du voyage...même si la feuille de route est bien écrite, il n a pas réussi à m 'enivrer...
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