mercredi 4 octobre 2017

Happy end de Michael Haneke



En musique, quand un artiste atteint un âge vénérable ( mais est encore là pour assurer la promo), on fait une compil. Au cinéma, c'est un peu plus difficile voire impossible. Mais voilà que le multi palmisé Michael Haneke réussit le prodige de faire un film qui est une sorte de compil de tout son cinéma ( il n'y a peut être que "Funny games " qui n'est pas repris ). "Happy end" rassemble à peu près tous les thèmes fétiches du réalisateur. On retrouvera une construction assez ludique façon puzzle déjà expérimentée dans " 71 fragments d'une chronologie du hasard". A l'écran cela donne des scènes qui apparaissent étranges voire incompréhensibles et dont la solution nous sera révélée bien plus tard. Cela rend le film un peu obscur mais une fois terminé, on appréciera son côté joueur qui nous poursuit longtemps, révélant bien après la fin de la projection des liens entre les personnages pas toujours perçus sur le moment. C'est sans doute, cette construction subtile qui fait le vrai intérêt du film. Parce que sinon, ce tableau très noir d'une famille bourgeoise de Calais, n'est guère emballant. En lui injectant un peu de rapports sexuels tordus ( comme dans " La pianiste") via des captures d'écran d'ordinateur un peu longuettes, un filmage via un smartphone ( version modernisée de " Benny's vidéo" voire " Caché"), un discours autour de la fin de vie avec Jean-Louis Trintignant ( comme dans " Amour") , une enfant loin d'être innocente ( "Le ruban blanc"), des problèmes de communication ( "Code inconnu" ), ce groupe de riches au bord du naufrage peine toutefois à nous passionner réellement. Parfois comédie cynique, parfois portrait acerbe, le film pâtit de scène aux plans rallongés sans réelle nécessité et d'une fin assez lourdingue où l'irruption de migrants tombe complètement à plat.
Oui le film déçoit, à vouloir se citer ( se pasticher ? ) il s'égare un peu et sa plongée au soi-disant vitriol dans une bourgeoisie décadente, se révèle assez vite bien vaine, et faisant de "Happy end" un objet mineur dans une filmographie de haut vol.


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