mardi 7 novembre 2017

Arras Film Festival 2017, ( la suite)





Que s'est-il passé au festival ( désormais international) du film d'Arras ? Hé bien, nous avons vu des films ( ce qui est normal pour un festival de cinéma !). L'offre est grande 280 projections, 2 rétrospectives, 72 avant-premières et 9 films en compétition. Bien sûr, je ne peux pas tout voir et j'essaie d'allier envies et découvertes. Et dans cette offre, j'ai pu découvrir un joli film palestinien, une délicate  plongée dans le quotidien d'habitants de Nazareth ( pour rappel en Israël ) recevant une invitation à un mariage ("Wajib" de Annemarie Jacir sortira en février prochain) ou un encore plus délicat et fragile film belge, "Drôle de père de Amélie Van Elmbt ( pas de date encore prévue en France pour sa sortie) sur la découverte d'un père et de sa paternité. Ces films ont été présentés comme soit " un coup de cœur", soit "le film le plus tendre de la sélection", ce qui est loin d'être faux.  Cette introduction par les responsables du festival enveloppe le spectateur dans un cocon de bien être, et le met en parfaite condition pour se glisser dans l'univers d'un réalisateur-trice ( oui, j'adopte l'écriture inclusive!). C'est son rôle et l'on peut dire qu'à Arras, nous sommes bien servis. Cependant, en voyant les organisateurs nous présenter avec force dithyrambes quelques productions françaises, certes de bonne facture façon qualité France ( en gros prévues pour enchanter les spectateurs de TF1 un dimanche soir), je me suis mis à penser combien leur rôle devait être délicat. Cinéphiles convaincus et passionnés ( cela se sent dès qu'ils ouvrent la bouche), ils doivent toutefois jongler avec des rôles pas facile à assumer : trouver dans une production pléthorique, mais pas toujours de qualité,  des films qui allient finesse et exigence pouvant plaire au plus grand nombre tout en essayant d'attirer des comédiens et des réalisateurs pour les présenter. Une équation à plusieurs inconnues qu'ils arrivent à résoudre chaque année vaille que vaille. Et quand en plus il faut qu'ils se muent en hôtes parfaits, cela donne, quand un membre de l'équipe de l'œuvre présentée a accepté de venir jusqu'à Arras, une succession d'adjectifs louangeurs ( " Magnifique film, Grand film, une merveille d'émotion, etc..."). Il est évident qu'ils ne vont pas dire au réalisateur de "La mélodie" ( film qui enchaîne les bons sentiments dans une production prévisible, mais avec des enfants épatants)  : Alors "Coco" depuis "La cage aux rossignols "( 1945) rien de neuf dans le cinéma français, toujours les mêmes grosses ficelles ?  ou à Eric Barbier, le réalisateur de "La promesse de l'aube", production onéreuse, tendance épate : Mais pourquoi avoir laissé Charlotte Gainsbourg  cabotiner ainsi avec cet accent improbable ? (Ceci dit, elle est à la fois insupportable mais parfois, lorsqu'elle éructe du polonais, étonnante d'autorité ). Je reste donc admiratif devant tant de gentillesse et de bienveillance, ... d'abnégation ? 
Mais le plus rude ( bon, faut que je sois juste, être spectateur dans un festival est un plaisir et dans celui d'Arras en particulier), ce sont les invités eux-mêmes, venus pour faire leur promo et qui tiennent un discours bien huilé qui, au fil des jours, devient de plus en plus risible à force de formatage. Tous, sans doute amoureux de leur actrice/acteur, se réjouissent que la performance de leurs vedettes, " qui fait des choses exceptionnelles dans son film" " qu'ils n'ont jamais fait ailleurs ". Tous ont été ravis du tournage qui s'est formidablement bien passé ( j'ai cru sentir toutefois que Eric Barbier ne devait pas être facile sur un plateau). Tous ont rencontré des producteurs passionnés et merveilleux qu'ils remercient chaleureusement ( tu m'étonnes, le film est un enjeu financier, il faut assurer le service avant vente et surtout la possibilité de pouvoir en faire un nouveau). Et tous terminent par un " Le film sort à telle date. Si vous avez aimé, dîtes-le autour de vous". C'est de bonne guerre et ça fonctionne sans doute sur le public qui apprécie d'être ainsi cocooné ( il se déplace un peu plus chaque année) et comme disait une dame hier soir dans la file d'attente : " Je viens maintenant depuis quatre ans car avant ils passaient des films art et essai, là on a droit à de jolis films !".  Mais au-delà de ce plaisir simple de cinéphilie, je rêve de plus en plus d'un débat d'après film SANS un membre de l'équipe. Ce sera moins people, moins vendeur sans doute, mais avec peut être l'assurance d'une parole plus libre et non retenue par cette politesse un peu obligatoire due aux invités. 
Cependant, je dois reconnaître que le festival d'Arras joue pleinement son rôle de passeur, en espérant attirer les foules vers des films plus confidentiels ou moins évidents, allier carpe et lapin, Clavier et Balibar... Je crois que c'est réussi car les séances des films de la compétition ( qui ne débute que jeudi, reflet des organisateurs de leur amour de tous les cinémas et de leur exigence) sont quasi toutes complètes ! 


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