Vous voulez aller voir l'expo Gauguin, mais vous faire bousculer devant chaque tableau par des hordes d'amateurs éclairés ne vous tente guère. Irving Penn à côté vous tend les bras, mais la longue file d'attente dans la grisaille de novembre vous étonne un peu et laisse présager une même effervescence dont vos pieds risquent de se souvenir. Fuyez les sentiers battus et optez tant qu'il est temps ( jusqu'au 17 décembre) pour la rétrospective voisine sur Anders Zorn. Qui ?!?
Hé oui, vous pensez la même chose que moi lorsqu'un ami (grand merci à F.) m'a conseillé de prendre illico le chemin du Petit Palais pour aller admirer un grand maître de la peinture suédoise de la fin du 19ème et du début du 20ème. Un peu sceptique tout de même et pas vraiment amateur de ce que je pensais être un peintre académique, c'est donc sans réelle conviction que je pris un billet ( sans avoir à faire la queue ni réserver).
Nous sommes accueillis par un "Autoportrait en rouge" ( 1915 ) réalisé presque à la fin de sa vie. Un premier coup d'œil nous présente un bourgeois dont l'embonpoint nous renvoie immanquablement à sa richesse de peintre quasi officiel de la bonne société suédoise.
Ce tableau imposant n'augurait pas tout à fait le ravissement que tout visiteur de cette exposition connaîtra. En effet, Anders Zorn, fut un immense aquarelliste et sa technique pour représenter l'eau étonne encore le citoyen du 21 ème siècle ( qui pourtant en a vu d'autres).
Cette photo ( personnelle) n'arrive pas à rendre réellement compte de l'aspect quasi photographique de ce lac, où vous noterez aussi le formidable cadrage ainsi que la confrontation entre la dame bourgeoise et le rameur d'extraction plus populaire, résumant parfaitement le travail de ce peintre qui n'a jamais renié ses origines modestes.
Placées judicieusement en début d'exposition, ces aquarelles éblouissent et nous permettent ensuite d'être plus attentifs à un travail aux apparences académiques de portraits de célébrités aristocratiques ou d'industriels suédois, mais où un sens inné du cadrage et un regard de fin psychologue, leur confèrent un réel intérêt.
Mais Zorn aimait sa campagne de Dalécarlie et ne s'est pas privé de représenter ses habitants dans leur occupations quotidiennes, toujours avec un œil très bienveillant et sous des angles originaux mais aussi ses jolies jeunes filles qu'il a beaucoup aimé peindre dans leur nudité, huiles sur toile gracieuses et harmonieuses, où la nature reste souvent présente.
Dans un décor évoquant sans ostentation des cabanes suédoises ou des salons chics, cette exposition ( la première pour ce grand maître suédois depuis 1906) nous fait découvrir un peintre fabuleux, classique mais tellement évocateur que je ne peux que vous inviter à le découvrir avant que la plupart des tableaux ne rejoignent le Nationalmuseum de Stockholm ( sa fermeture temporaire expliquant leur présence à Paris ).
Un peu, peut-être, dans le même genre, j'avais découvert l'été 2016, au Musée des Beaux-Arts de Caen, les toiles magnifiques de Frits Thaulow (1847-1906): des effets d'eau absolument saisissants! Un des plus importants artistes norvégiens... à découvrir, c'est magnifique!
RépondreSupprimerDécidemment il nous reste beaucoup de peintres scandinaves à découvrir !
RépondreSupprimerUne expo qui me tente beaucoup !
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