Attention, regardez bien , il y a un R majuscule à Renard ce qui d'emblée écarte ce premier roman d'une histoire animale bien mignonne ( mais les renards ont-ils la notion de vacances ? ). Renard est le patronyme du jeune héros, prénommé par ailleurs Paul. On aurait pu intituler l'ouvrage " Les vacances du petit Paul" mais cela renvoyait de façon trompeuse à un titre plus célèbre et fleurant l'enfance : "Les vacances du petit Nicolas". Or, le petit Paul/Nicolas a bien grandi et on le retrouve le jour de la fête anniversaire de ses 14 ans, en plein été dans la propriété familiale campagnarde et bucolique mais paumée. Comme nous sommes en 2018, finie l'innocence. A cet âge, un surf régulier sur internet lui a appris virtuellement la vie et, même si ses parents ont toutes les apparences d'un couple moderne et ouvert, s'est fait une éducation sexuelle via Youporn. Pour le moment, c'est entouré de sa famille, en plus de ses parents une petite soeur, sa tante, elle même accompagnée d'un ami, Hervé, qu'il reçoit son cadeau d'anniversaire : un smartphone.
Cet instrument bourré de technologie jouera un rôle essentiel dans un été qui s'étire en longueur entre ennui et envie de découvertes. Paul, tout en profitant d'une nature belle et généreuse, ouvre aussi ses yeux et observe les adultes. Si ses parents marquent le pas quant à leur couple, si sa soeur reste bien trop jeune pour partager autre chose qu'une partie de "Qui est-ce ?" et si sa tante continue à patauger dans les illusions d'une célibataire casse-pied, Hervé celui qui l'accompagne, va bougrement intéresser Paul. Sa sexualité débutante mais pourvoyeuse de curiosité et portée vers les hommes, va connaître une accélération intense durant ces beaux jours, vivant un amour platonique, silencieux et sans issue pour cet homme, à la quarantaine bien tassée. Silencieux ? Pas tant que ça ! Grâce à une appli de rencontre, camouflé derrière un profil inventé, il pourra mettre des mots sur ses désirs mais aussi en apprendre plus sur cet homme.
C'est devenu une constante depuis quelques années, les amours actuelles en littérature, mais aussi au cinéma, se renouvellent grâce aux applications que sont Tinder ou Grindr ( pour ne citer que de celles qui ont les honneurs des romans). Le virtuel entre de plain-pied dans le marivaudage contemporain.
Mais "Les vacances de petit Renard" ne sombrent jamais dans la facilité d'un outil permettant toutes les outrances. Le roman préfère explorer la psyché de ce jeune garçon, s'intéresser à cette génération où l'approche de la sexualité se fait de façon beaucoup plus frontale, mais aussi s'attarder très justement sur l'entourage et sur cette campagne dont le paysage, les bruits, les couleurs participent pleinement à cet éveil. Et malgré quelques crudités dues au type des relations décrites, le roman développe une très jolie musique, peignant avec une grande justesse ce temps estival où tout le monde se reconnaîtra. Et quand viendra l'heure de repartir, Paul ne sera plus le même, les ailes déjà un peu brûlées par la violence des sentiments et la dureté d'un premier amour dont les contours seront caressés au plus près.
Arthur Cahn semble posséder bien des talents. Ce premier roman, vraiment très réussi, marque une belle entrée en littérature. On y sent un vrai regard, une facilité d'écriture évidente. En ce moment, après quelques courts métrages déjà primés, il prépare un premier long-métrage : "La douceur humaine" (dont le scénario fut lu lors du dernier festival Premiers Plans d'Angers par Jérémie Elkaïm) sur un thème qui ne laissera pas indifférent... Assurément un auteur qui va être doublement intéressant de suivre.
Voici des aventures de grand pas méchant renard,qui me tardent de connaître! En plus si on met PJ Harvey en bande son...
RépondreSupprimerUne fois de plus, me voici très tentée
RépondreSupprimer"L'amour,l'envie,la sensualité,la passion se trouvent aussi dans les livres", laissez vous "embarquer" avec le petit Renard et cette jolie phrase vous reviendra à l'esprit:-)
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