lundi 29 janvier 2018

Les spectateurs de Nathalie Azoulai


Pour reprendre une rubrique d'un magazine féminin à grand tirage ( Elle ), je réponds à la question que je me pose : Il est comment le nouveau Nathalie Azoulai ? ( Oui, on peut poser cette question, puisque le précédent de l'auteure a quand même obtenu le prix Médicis en 2015 ).  Là, où le magazine tournerait autour du pot en mettant en avant, l'histoire, les personnages un peu fantasques, je réponds franchement : Déroutant !
Le roman débute par les essais infructueux d'une petite fille s'essayant à la marche, image emblématique de la suite, puisque tous les personnages de ce roman verront leurs élans contrariés. Mais avant d'en arriver à ce constat, il faut que le lecteur passe un premier cap : celui du style. Première particularité : les personnages du roman ne sont jamais nommés. C'est une famille de quatre personnes. Ils seront tour à tout "il", "son père", "elle", " sa mère", ... Comme les dialogues sont intégrés dans les phrases qui, alternent sans façon  paroles prononcées puis action, la lecture, pour peu que l'on pense être dans un roman lambda ( on a tort , nous sommes chez POL pas chez Michel Lafon !), se révèle un peu chaotique au début, le temps de bien saisir le procédé.
Exemple ( pris page 55 parce que court ) :
D'où sors-tu ? demande-t-il sèchement en le voyant surgir et se jeter sur le tapis. Il enfouit sa tête dans le cou de sa sœur, ne répond pas. 
Le premier "il", c'est le père qui parle. La phrase suivante, si, on lit trop vite, on prend le deuxième "il" pour la même personne mais en fait non, c'est le fils, renseignement fourni ensuite par le " de sa sœur". Vous me direz que c'est simple, que je n'ai qu'à lire moins vite, plus attentivement mais, je l'avoue cela m'a un peu dérouté au début, surtout que c'est continuel.
Une fois bien intégré cette petite originalité, vraisemblablement pour immerger le lecteur dans le même brouillard d'incertitudes et d'interrogations dans lequel se trouve le garçon de la famille qui s'interroge beaucoup sur ses origines, le roman avance. Avance ?  Pas tout à fait...
L'action se situe autour de l'achat d'un poste de télévision acheté lors de la naissance de la petite sœur, et d'une conférence de presse du général de Gaulle que regarde le père regarde avec la ferveur des fans absolus. En périphérie, la mère, femme fantasque et obnubilée par les stars de cinéma du Hollywood des années 40/50, tournoie avec ses robes copiées sur celles portées par ses actrices préférées, la petite sœur, avec une jambe défaillante, rampe au sol sauf si elle est stimulée par son grand frère qui observe tout ceci avec œil interrogateur. Par de multiples retours en arrière, on en apprend un peu plus sur chacun des personnages auxquels vont venir se greffer deux voisins : Maria, la couturière de la mère et son fils Pépito, ami du garçon.
Je l'avoue, je me suis lassé de tous ces va et vient même si commençait à germer une pointe d'intérêt sur cette famille dont on devine les origines orientales et dont on suppute une arrivée en France empreinte de mystères. Alors, j'ai abandonné le livre page 118 ... Je crois que le énième coupon  de tissu acheté au marché Saint Pierre ( du satin noir pour un fourreau) et amenant encore une énième évocation de stars féminines hollywoodienne fut fatal.
Cela aurait pu être terminé pour ce roman mais, malgré tout, les personnages continuaient à me trotter dans la tête. Alors, j'ai repris le roman et ai décidé, puisque la narration n'était pas linéaire, de me replonger dans la suite  au hasard ... et je lis un passage à l'hôpital où un médecin ressemblant à Robert Taylor soigne la petite sœur, et je lis une conversation entendue au travers d'une porte, ... Cette lecture fragmentée, selon mon plaisir, lorsque j'avais cinq, dix minutes, s'est révélée très agréable car l'écriture Nathalie Azoulai, par petits bouts, je l'avoue, on y prend plaisir.
Je ne suis pas certain que cette façon peu orthodoxe de lire un roman soit la meilleure ni celle que je conseillerai, mais ce fut la mienne. Il me reste encore bien présents la tristesse ténue qui imprègne le  livre, ce petit garçon curieux et cette mère qui fuit la réalité, portraits pointillistes qui ne me quittent toujours pas, signe que quelque part ce roman agit et est sans doute réussi ...mais pas de façon classique.


Il est beaucoup question de Gilda, de fourreau, de stars glamours dans ce roman.... 

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