Janet Flanner .... qui connaît aujourd'hui en France cette femme ? Sans doute quelques journalistes ou quelques lecteurs âgés du New-Yorker, vénérable journal US, .... et Michèle Fitoussi, qui n'est pas âgée, mais journaliste.
Janet Flanner fut une chroniqueuse assez renommée durant une période allant des années 20 aux années 70. On la donne comme la précurseuse du journalisme littéraire ( à noter que le féminin de précurseur est tellement peu employé, que l'ordinateur ne le reconnaît pas comme s'il n'était dévolu qu'aux hommes). Sans accéder au pouvoir ou à marquer de son empreinte le monde de la presse comme Françoise Giroud, elle connut néanmoins sur le tard, aux USA, et grâce à la télévision, une grande renommée. Fine, brillante, un peu lookée ( elle portait parfois un monocle), sa faconde et son sens de la répartie firent merveille lors de certains talks shows.
Tout cela suffit-il pour que paraisse aujourd'hui une biographie ? Des journalistes impertinentes et originales, il en a existé quand même un nombre certain nombre. Mais Janet Flanner possède quand même la petite originalité d'avoir vécu à Paris durant plus de 20 ans. Elle fut donc une observatrice affûtée de ce Paris cosmopolite des arts et des lettres, où l'on croisait du côté de Montparnasse, Ernest Hemingway ou Gertrud Stein, mais aussi su retranscrire de façon éclatante ces chamboulements que connaîtra toute l'Europe avec la montée en puissance d'Hitler.
Michèle Fitoussi, en suivant la trace de la journaliste, nous propose un joli résumé historique pas trop didactique de cette période trouble ( même si Janet, en bonne américaine capitaliste, ne s'est guère arrêtée sur les avancées du Front Populaire), ainsi qu'une peinture un poil nostalgique de ce Montparnasse électrisé par cette colonie américaine joyeusement installée dans ses rues.
Cependant, cette biographie ne se résume pas qu'au parcours historico/journalistique d'une reporter mais apparaît aussi comme le portrait d'une féministe ( non, ce n'est pas un gros mot!) qui a su se libérer de son éducation bien puritaine et traditionnelle du fin fond d'Indianapolis pour vivre comme bon lui semblait. Certes elle fut pousser par sa mère à être une artiste( raté ! elle ne fut qu'une journaliste talentueuse) mais sûrement pas à devenir cette grande dévoreuse de femmes ( souvent étincelantes) vivant ses amours lesbiennes avec un appétit sans faille.
"Janet", au final, se révèle une biographie facile et agréable à lire, nous embarquant dans une balade historique auprès d'une femme affranchie. Cet esprit brillant et libre, méritait donc cette petite mise en lumière, montrant ainsi à la nouvelle génération que l'on peut se frayer un chemin dans la vie sans trop de compromis et en n'occultant jamais ses vrais désirs.
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