vendredi 13 novembre 2020

Le diable, Tout Le Temps de Antonio Campos

Pour prolonger votre plongée dans les Etats-Unis et compléter cette image de malaise profond qui nous gagne, nous français, en voyant ce peuple tenant une arme d'une main et une bible de l'autre, visionner cette adaptation du roman de Donald Ray Pollock ( ou lire, même titre, paru en 2012) ne pourra que noircir un peu plus le tableau. 
Tout est noir, très noir dans cette histoire située au fin fond d'une bourgade de Caroline. Nous sommes en 1957. La vie tourne autour de soldats heureusement revenus du front mais traumatisés, du travail, de la famille unie autour de l'église du coin et de la fascination pour les armes à feu. Pas certain que ce soit le bonheur, surtout dans cette campagne où les possibles n'existent même pas dans les rêves, sauf si l'on considère que se confondre en prière pour un éventuel paradis tienne lieu de projet de vie. Alors, la religion tourne les têtes, les rend fous et extrémistes et de la prière aux meurtres, la distance est vite franchie. Entre ces deux extrêmes se niche le sexe, toujours mal vécu, sexe abusif, sexe ultra pervers, sexe déviant.
Le film d'Antonio Campos, sombre, violent psychologiquement, prend le temps de louvoyer habilement entre chacun des sordides événement qui jalonnent cette histoire, jouant avec les frontières du possiblement visible dans l'univers formaté d'un cinéma américain dorénavant également produit par Netflix. L'atmosphère du roman est bien là, servie par un casting de choix, Tom Holland, Robert Pattinson ( décidément de plus en plus distribué dans des rôles troubles et déjantés), Eliza Scanlen ( la Beth des filles du docteur March de Greta Gerwig), ... et cerise sur le gâteau ( comme quoi, parfois les adaptations cinématographiques peuvent plaire aux romanciers), Donald Ray Pollock fait la voix off du narrateur. 
En ces temps de confinement un peu sinistres, il est certain que "Le diable, Tout le Temps" ne vous remontera pas le moral, mais, même en poussant le bouchon très loin, vous offre une version radicale de ce que la religion à outrance peut engendrer....là aussi d'une sinistre actualité. P
arfois, il faut regarder les choses en face...


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