C'est la grande vogue en BD de plonger un auteur dans un univers particulier et de lui faire produire un album qui soit à la fois pédagogique, humoristique et personnel. Les succès du "Château" de Mathieu Sapin ou du Marion de Montaigne sur Thomas Pesquet encourage les éditeurs à poursuivre dans cette voie. Voici donc Charlie Zanello ( qui officie aussi à Fluide Glacial) envoyé un an à la Maison de la Radio.
Humour, pédagogie, auto-dérision, les trois cases sont cochées, l'album est conforme à la commande. Il s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses glorieux prédécesseurs et ne surprend personne. Le lecteur s'installe dans son fauteuil et suit les déambulations de Charlie au sein de ce célèbre monstre. La visite s'avère agréable à lire. On sent toutefois que la rondeur de l'édifice et ses interminables couloirs ont désorienté le dessinateur qui ne sait pas trop où donner du dessin. Les scènettes s'enquillent de façon désordonnée mais bon enfant. L'intervention en contrepoint du fantôme de la Maison de la Radio n'apporte pas grand chose de plus, soulignant peut être la difficulté de lier l'ensemble. Bien sûr, les auditeurs de RTL ou de NRJ seront moins à la fête que ceux de France Inter ou France Bleue qui prendront plaisir à voir croquer l'envers du décor de leurs émissions favorites.
Toutefois, après ces quelques bémols, force est de reconnaître que la tâche était imposante et résumer en presque 200 pages le travail de 4000 professionnels, tous visiblement passionnés, n'est pas une mince affaire. Et si le but était de démontrer que cette Maison de la Radio était un lieu vraiment unique, c'est mission accomplie! L'album rend parfaitement compte que l'on peut la considérer avec fierté, tellement elle condense en son sein un savoir-faire inégalé ainsi qu'un concentré de culture et de création unique en son genre. C'est sûrement dans son versant politique que l'album est le plus convaincant, montrant avec finesse tous les enjeux de cette institution PUBLIQUE, ses combats actuels avec des gouvernants qui ne rêvent qu'à la rendre de moins en moins compétitive ( alors que les audiences n'ont jamais été aussi hautes), trop porteuse d'intelligence donc dangereuse pour une économie libérale.
Telle qu'elle est, cette "Maison Ronde" me plaît., m'a plu et plaira sans aucune doute aux auditeurs de Radio France qui aimeront se retrouver dans ce qui reste une oasis de bonheur dans un monde de brute. Ce roman graphique en est la parfaite illustration !
Riche et passionnante immersion dans les artères et coulisses de la grosse machine.
RépondreSupprimerGrand plus pour ce roman graphique: l'écriture authentique sans langue de bois, un délice supplémentaire!