jeudi 12 novembre 2020

Térébenthine de Carole Fives


Comment allier romanesque, féminisme et  approche didactique de l'art contemporain ? A cette question, Carole Fives répond avec ce court roman de 172  pages. Ecrit avec aisance ( l'auteure a du métier), dans un style direct et facile à lire, la "Thérébenthine" du titre doit se lire au masculin puisqu'il s'agit du nom donné par leurs congénères à trois étudiants des Beaux Arts de Lille. Amis dans la vie, le roman va retracer quelques moments de leurs études communes puis de leur vie une fois lancés le grand bain des adultes. Voilà pour le romanesque, brossé à la grosse brosse, mais avec quelques rajouts au pinceau fin. 

L'autre élément essentiel du récit est d'entremêler une histoire de l'art contemporain avec le féminisme mais aussi de répondre à cette question : Qu'est-ce qu'être artiste aujourd'hui? Vaste sujet, traité ici sans lourdeur, ce qui, vu l'ampleur du débat n'était pas gagné d'avance. Bien sûr, si vous n'êtes pas très intéressé par les mouvement artistiques des cents dernières années, vous risquez de vous sentir largué, malgré la façon très pédagogique dont ceux-ci sont abordés. Si, quand même, la fréquentation des musées  vous a laissé quelques traces, vous trouverez cette vulgarisation passionnante et le milieu de l'art, des profs des Beaux Arts, assez savoureux, aux vrais artistes....bien barrés. Et entre les ateliers mal chauffés, les cimaises, les installations et les performances, la question de la place de la femme dans l'Art se posera, questionnement faisant évidemment miroir avec celui de la femme tout court dans nos sociétés. 

Un peu Meetoo ( il est partout cette rentrée), un peu Daniel Arasse ( un maître vers lequel on revient toujours) et beaucoup romanesque, "Thérenbentine" réussi le pari un peu fou d'offrir un récit court, intelligent et militant pour des lecteurs qui ont de moins en de temps. Bravo !

1 commentaire:

  1. "lire/écrire versus peindre.
    Bien sûr, quand tu écris, il te manque les formes, les couleurs, la touche." page 161.
    Pour moi il a manqué un peu de tout ça à ce roman de Carol Fives.
    Habituellement, pour la térébenthine on obtient un suc d'abord clair, qui s'épaissit et se concrète. Pour moi ce fut plutôt une résine molle et non une vraie térébenthine...
    La vraie"par le repos et l'exposition au soleil, elle se sépare en deux parties ; la « supérieure », plus légère, reste claire, transparente, un peu plus colorée ", moi j'ai eu la partie inférieure"blanchâtre et louche ; celle qui reste sur l'arbre et s'y dessèche "
    Il s'agit peut-être "juste" d'un manque de soleil à cette lecture pour que l'essence apparaisse...?

    RépondreSupprimer