Le scénario fait feu de tous bois, les intrigues s'entremêlent allègrement, les dialoguent pétillent, les stars surgissent aux détours d'un plan : Tilda Swinton, dans un double rôle de hyènes chroniqueuses mordantes, et surtout chapeautée comme jamais, confirme l'amour des deux cinéastes pour les personnages à couvre-chef, Frances McDormand en monteuse acariâtre et grande gueule, en une seule scène, surprend comme Scarlett Johansson en clone d'Esther Williams. On aperçoit même Christophe Lambert ( oui, oui, Highlander !) en réalisateur chiquissime. Lui, surprend peu, mais qu'importe, son passage dure le temps de le reconnaître. Et puis il y a Georges Clooney, qui au fur et à mesure qu'il prend de l'âge, casse un peu plus son image. Non content de jouer un benêt qui cède aux sirènes du communisme au bout de trois phrases de militants illuminés, il traverse le film avec un unique costume, une jupette de centurion romain fort seyante! Les frères Coen s'en donnent à coeur joie, recréant un Hollywood disparu, se payant le luxe de numéros musicaux pastiches mais réussis tout en instillant aussi une énorme dérision dans leur propos. Sous les paillettes et le clinquant, le monde à son apogée qu'ils décrivent vacille au bord du gouffre. Les valeurs que l'on croyait gravées dans le ciment d'Hollywood Boulevard se fissurent de partout.( Bon ok, à l'époque il n'y avait pas encore les traces des mains des stars sur les trottoirs !) On assiste aux premières rides de cet âge d'or qui commence à ployer sous les assauts du communisme, de la liberté sexuelle et de son kitsch de plus en plus grotesque.
Je lis un peu partout qu'" Avé César ! " est une film mineur dans l'oeuvre des deux frères, on fait la fine bouche, on finasse. Et là je sens poindre le syndrome de la comédie qu'il est impossible à ranger dans le rayon des bons films. Est-ce parce que l'on rit, prend plaisir à un spectacle bien écrit, bien mené, bien dialogué, qu'il est forcément en dessous d'un plus sombre, d'un plus dramatique ? Cherchez ces derniers mois une production totalement réjouissante, alliant pastiche et dérision, rythme endiablé et hommage facétieux à une époque bénie des cinéphiles, le tout emballé avec un savoir-faire inimitable, du rythme et du sens. Si vous trouvez, vous êtes un(e) vrai(e) chanceux(se), vous devez avoir dans votre lit Scarlett Johansson ou Georges Clooney ( barrez ou pas la mention inadéquate) !
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