Avec "Camping-car" pas de tromperie sur la marchandise, titre et illustration de couverture nous indiquent que nous sommes en terrain balisé pour la détente. Tout paraît en place pour déguster un roman léger qui ne brigue ni les prix, ni les éloges de la presse littéraire, visant seulement à faire passer un temps agréable à ses lecteurs, sans doute abonnés à ces revues à grand tirage pour seniors.
Les éditeurs aiment les vieux (oui, j'ose le terme) qui ont toujours connu les livres et sont donc une niche de marché importante. Depuis quelques années déjà, de nombreux titres ont su trouver leur place sur les rayonnages des papy et mamy boomers, de "Chouquette" d'Emilie Frèche aux romans de Barbara Constantine ou de Marie-Sabine Roger, mettant tous en scènes des soixantenaires (au moins!) joyeux et tendres, mordants ou décapants, en tous les cas, toujours présentés de façon positive, toujours prêts à mordre à pleines dents les dernières années de leur vie.
Sophie Brocas s'inscrit donc dans cette mouvance optimiste. Ses personnages principaux sont trois amis autour de la soixantaine, hommes aux parcours différents mais que l'on trouve à un moment crucial de leur vie. Alexandre : Doit-il se séparer de sa femme, militante énergique, pour vivre et faire un enfant à sa jeune maîtresse ? Son ami Moz lui, est au bord du gouffre. Viré de son emploi de technicien à l'Opéra de Paris, il a peur de finir comme ce sans abri qui habite en bas de son minuscule appartement dont il ne peut plus payer le loyer. Le troisième, Jeannot, célibataire mais dragueur impénitent, rêve de finir sa vie avec l'accorte Adeline, toiletteuse de chien de son état. C'est à bord du camping-car de ce dernier, que les trois hommes, durant un road-movie cool ( qui n'a jamais pesté derrière un camping-car se traînant sur une route départementale sinueuse? ) vont s'épauler, s'épancher, réfléchir.
Avec une plume légère et virevoltante, Sophie Brocas réussit à faire vivre ses personnages en glissant tout au long de son récit moultes annotations sur la vie d'aujourd'hui. Bien sûr nous ne sommes pas à l'abri de quelques rebondissements franchement romanesques, mais l'ensemble reste agréable à lire, comme une jolie lecture d'été, pas trop acidulée. Avec ce portrait de la sexualité encore triomphante des hommes soixantenaires que les affres du vieillissement n'arrivent nullement à éteindre, l'auteure surfe sans doute sur cette vague rassurante entamée depuis presque 50 ans avec l'inénarrable tube de Tino Rossi : "La vie commence à 60 ans" et qui va crescendo depuis que les seniors sont devenus un juteux marché. Cependant, force est de reconnaître que son approche de l'univers masculin qui lorgne sur le Viagra, est très pimpante et stimulante, moins sans doute que la pilule bleue mais plus naturellement euphorisante.
Bon OK, nous sommes une niche marchande, mais faudrait voir à pas trop en profiter. Cela ne me donne pas envie de lire ce livre
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