mercredi 24 février 2016

The revenant d'Alejandro Gonzàlez Inarritu


Et voici sur les écrans, la nouvelle machine à essayer de faire obtenir la statuette des oscars à Léonardo Di Caprio. Le buzz autour du film s'est fait essentiellement autour d'un tournage, dantesque à ce qu'il paraît, Léonardo s'étant gelé le bout de ses doigts pendant des mois au fin fond du Canada. Mais les producteurs ont rajouté d'autres éléments pour que la star ne reparte pas une nouvelle fois fois bredouille : un enlaidissement total (cheveux gras, lèvres gercées, ...), une voix proche de celle de Marlon Brandon dans "Le parrain" et sans doute aussi la présence derrière la caméra d'un réalisateur spécialiste des performances soit disant auteuristes ( voir Birdman le précédent opus du senor Inarritu). C'est tout bon coco, cette fois on a mis le paquet !
Oui, je confirme, on a mis le paquet ! Des scènes de tueries ultra réalistes, un combat avec un ours hallucinant de férocité, une image somptueuse, des plans d'arbres à faire pâlir dans sa tombe Andréi Tarkovski, bref, tout semble y être pour avoir un spectacle total, un écrin doré (et neigeux) afin que Léo serre contre son petit coeur la jolie statuette dorée. Tout ? Non, hélas, on a oublié d'y mettre un scénario. C'est bête, d'avoir penser à tout sauf à ce petit élément. Et je rajouterai que c'est aussi dommage que Di Caprio soit la vedette du film, car bien qu'il soit irréprochable ( même avec 10 lignes de dialogue à tout casser), comment arriver à vibrer à ses aventures durant 2h35 quand on sait pertinemment, que vu le prix qu'on a du le payer, on n'allait pas l'achever en milieu de parcours.
Donc, en gros, pour situer la chose, Léo est un trappeur, un peu géographe, dont le campement se fait massacrer par des indiens. Heureusement, Léo et quelques collègues échappent aux nombreuses  flèches de la petite centaine d'assaillants puis poursuivent leur route pour ramener des peaux. Manque de pot, alors qu'il se balade en forêt, Léo se fait attaquer par un ours assez furieux qui le transforme en une sorte de plaie vivante et râlante. Disons que les plaies qui recouvrent son corps, occasionnées par les coups de griffes de l'énorme bête, aussi profondes que nombreuses, font ressembler notre star à une tourte à la viande pas cuite et sanguinolente, mais joliment décorée par un couteau ( et un maquilleur) inventif ! La suite, qu'il ne faut en aucune façon montrer à notre ministre de la santé capable de fermer un max d'hôpitaux afin d'appliquer les méthodes extrêmes employées dans le film pour guérir nos malades ( et ainsi faire baisser le trou de la sécu), est aussi improbable que barbante. Léo donc, à demi-mort, au bord de la septicémie ( je rappelle que le film se déroule en 1823, l'emploi du Doliprane n'ayant pas encore cours), trimballé sur un brancard pas des plus confortable car fabriqué à partir de gros branchages, sera lâchement abandonné à moitié enseveli dans les bois alors que la neige se met à tomber alors que ses coéquipiers profitent de sa faiblesse pour trucider son fils ! Dans cet état de charpie fiévreuse, seul dans une forêt où la température avoisine les moins 10, on peut penser que les chances de le retrouver devant son bol de Ricoré deux jours plus tard sont nulles. Détrompez-vous ! Vous n'êtes ni le scénariste d'une super production hollywoodienne sur le thème de la survie (qui devient un genre à part entière ) ni Léonardo di Caprio qui veut son oscar ! S'ensuit alors une longue, très longue guérison, dont le but est de venger le fils assassiné. Les moyens pour que Léo se remettent vite sur pied sont simples. Dans un premier temps, il rampe dans la neige par moins 15 ( oui, l'hiver arrive vite dans ces années où l'on ignorait le réchauffement climatique), dort dans une grotte, fait du feu avec des silex et se désinfecte avec de la poudre à fusil. Puis, il prend quelques bains dans des rivières gelées (oui Léo traverse des rivières car, malgré tout, ces contrées perdues sont très fréquentées par de méchants indiens qu'il faut fuir si l'on tient à ses cheveux, même gras). Tout mouillé, sous la neige par moins 20, la fièvre doit faire sécher ses vêtements à moins que ce ne soit le petit bois sec qui lui permet d'allumer de grands feux ( que les méchants indiens, ces crétins, ne repèrent pas, sans doute trop absorbés à tanner des scalps), Léo avance péniblement dans la poudreuse, échappe à une horde d'indiens (il manquait un peu de cheveux pour les franges d'un joli sac ), tombe dans un précipice, dort nu dans un cheval (ce qui permet d'apercevoir par moins 25 les fesses de l'acteur, d'ailleurs épargnées par les griffes de l'ours et qui démontre que, même dans des températures extrêmes, Léo garde un certain glamour en dormant avec juste son Chanel pour homme), Bref, il va un peu mieux après chaque épreuve et, par moins 30, assoiffé de vengeance, il trace sa route vers l'assassin de son fils . Quel homme ce Léonardo ! Sans boussole, sans gps, dans de vastes contrées enneigées, il va droit au but !
C'est long, ennuyeux, jamais crédible mais joliment filmé. Certains diront que j'ai pris le film au premier degré, que je n'ai pas vu la splendide réflexion sur la naissance d'une nation dont le socle est cette barbarie mise à l'écran. Si la violence saute aux yeux effectivement, je ne pense pas, vu l'improbabilité du scénario que les auteurs aient pensé l'ombre d'une seconde à cette possibilité de lecture. Je n'accorderai qu'une petite référence à la barbarie humaine avec ce plan sur un indien pendu et son panneau ( écrit en français) : "Nous sommes tous des sauvages". Reste l'unique question importante : "The revenant" apportera-t-il enfin un oscar à Léo ? Réponse bientôt... mais vu le niveau du film et comme Marion Cotillard l'a obtenu pour un rôle tout aussi improbable dans "La môme", il a toutes ses chances...








6 commentaires:

  1. Rigolote ton analyse ! C'est bon, je n'irai pas le voir (de toute manière, je n'en avais pas l'intention, c'était pour causer)

    RépondreSupprimer
  2. Oui, c'est toujours agréable de causer !

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour le fou rire! Je n'irai donc pas...en plus en VF : ca doit être pire.
    La septicémie au doliprane meme en 2016, c'est pas gagné!! ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Tu sais 10 lignes de dialogues pour Léo, même en VF .... Tu peux t'y risquer. Ok, pour le Doliprane pour la scepticémie c'est moyen.....

    RépondreSupprimer
  5. Ton analyse est a la fois drôle et très vrais elle m a beaucoup plu, vraiment je ne vois pas en quoi ce film peut il mérite un oscar. Et je tenais a ajoute le moment ou il se fait déboiter son pied et par la suite il remarche comme par enchantement )).

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Pierre, après lecture de ton long billet sur un film que tu n'as pas apprécié, je ferais court (enfin si on veut): j'ai aimé ce film pour la photo, les paysages sous la neige, pour Leonardo qui s'en tire bien, pour une histoire qui en vaut une autre, pour l'ours que je croyais vrai. Les invraisemblances ne m'ont pas dérangée. J'ai "marché" à ce film qui semble plaire plus aux femmes qu'aux hommes (enfin selon les blogs et les commentaires que je lis). Bonne fin d'après-midi.

    RépondreSupprimer