mercredi 29 août 2018

Burning de Lee Chang-dong



Paré d'une pub jouant sur le fait que le festival de Cannes est passé totalement à côté d'un chef d'oeuvre, "Burning" arrive sur les écrans avec l'aura d'un film que tout le monde a adoré sauf cette bande de d'aveugles ( peut être trop élitiste si l'on joue du côté "tous pourris" ou franchement pas cinéphiles si l'on penche pour le manque de culture) qui n'a pas daigné lui donner un lot de consolation. Peut être que la longueur de ce long-métrage d'un maître coréen, 2h30 au compteur, a eu raison de la capacité d'attention d'un jury qui l'a peut être visionné après un repas bien arrosé.
Il est certain que pour appréhender "Burning" , trois conditions semblent indispensables ( en plus de ne pas avoir un repas copieux dans le ventre) : être patient ( on peut ressentir durant la projection le passage du temps), le voir dans une salle de cinéma ( comme la plupart des grands ou des bons films) et ne pas y aller seul ( ou alors à la sortie, inviter ses voisins de siège à en discuter autour d'un pot ).
Oui, "Burning" est un film exigeant, troublant, qui ne se révèle réellement que dans ses dernières trente minutes. Mais une fois la salle rallumée, les deux premières heures, à l'apparence un peu longuette, vont s'éclairer soudain et ouvrir pour tous les spectateurs des abîmes d'interrogations, de questionnements ( d'où l'importance de ne pas sortir et rentrer seul dans sa chambrette).
"Burning"  se range dans cette catégorie d'oeuvres qui vous poursuit longtemps tant des images apparemment banales vous reviennent et prennent soudain significations ( oui au pluriel, car les interprétations peuvent être multiples). C'était le but de Lee Chang-dong et donc pari réussi ! On peut donc y voir une métaphore sur la Corée du Sud et l'avenir de sa jeunesse dans un monde opiniâtrement libéral, mais aussi une réflexion politique autour de la lutte des classes en passant par un troublant travail autour de l'invisibilité ( des choses mais aussi des êtres), voire un jeu subtil autour de la création littéraire et/ou cinématographique. Nous sommes vraiment dans le royaume de l'art et essai. D'une assez banale histoire d'amour triangulaire qui vire lentement au thriller psychologique, cet essai artistique épate par son exigence et sa maîtrise.
"Burning"  ne se laisse pas facilement séduire, ni ne cherche à le faire réellement, préférant installer un univers ultra pensé et distiller au compte goutte ses charmes aussi vénéneux que subtils. Même si parfois le temps s'écoule très très lentement, ( laissant passer le doute que franchement les critiques exagèrent ), le spectateur sera au final largement récompensé à la fin. Evidemment, si votre vitesse de croisière cinématographique est le film d'action monté comme un clip, pas certain que "Burning" brûle votre esprit...


2 commentaires:

  1. Bonjour Pierre D., cela n'empêche pas que j'ai trouvé la première heure très longue car je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages. Néanmoins, un film à voir. Bonne journée.

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