Voici l'un des livres les plus connivents de cette rentrée littéraire. Déjà, le titre, avec la réapparition de Maria Schneider, qui, pour une grande frange des lecteurs français ( les plus de 50 ans donc) rappelle le scandale cinématographique quasi planétaire du début des années 70 que fut "Le dernier tango à Paris" . Le nom reste sulfureux et traîne également un parfum de descente aux enfers qu'a accompagné durant une décennie une presse people aux abois. Le petit plus médiatique sera évidemment son auteure, journaliste talentueuse et de renom, qui officie actuellement au Monde comme grand reporter. Nul doute ( sauf jalousie extrême) que l'esprit de corps jouera à plein et que nous retrouverons le livre célébré à longueur de colonnes et même si simplement évoqué, et quelque soit sa qualité, il n'aura pas droit au silence dédaigneux que la plupart des romans paraissant au même moment subiront.
Une fois l'ouvrage terminé, le titre semble un peu réducteur ( pas au point de crier à la publicité mensongère) mais " Elles s'appelaient Maria et Vanessa Schneider" aurait été plus approprié, tant les deux femmes se mêlent dans le récit. L'auteure, jeune cousine de l'actrice, en s'appuyant sur sa trajectoire assez tragique, en profite pour retracer une petite autobiographie de sa personne, évoquant parents et enfance dans un univers post soixante-huitard extrême. On s'aperçoit assez vite qu'au-delà de l'intérêt familial et bienveillant qu'elle lui porte, nous ne saurons pas grand chose de sa vie ni de sa carrière, l'auteure, de quinze années sa cadette, ne l'ayant pas vraiment connu au moment de ses années glorieuses et infernales. Le texte s'articule donc entre ses souvenirs d'enfance lorsqu'une tornade aux cheveux bouclés faisait irruption dans le salon familial, l'analyse d'articles de presse de l'époque et sa vision d'adulte sur cette femme aux ailes brisées par les sunlights d'un cinéma voyeur, impitoyable et machiste.
Le livre n'est donc pas une biographie, juste une évocation qui essaie de remettre en perspective ce que fut Maria Schneider, sans doute anéantie à jamais par la scène volée dite du beurre dans " Le dernier tango" et de l'attrait pour l'héroïne qui en suivit mais également marquée par une famille toute aussi explosée, où des lignées zigzagantes sont hantées par le suicide et des personnages hors normes ( d'où la présence de l'auteure qui, en filigrane, s'interroge sur leurs deux destins issus de ce creuset bien particulier).
" Tu t'appelais Maria Schneider" , grâce à la plume alerte de l'auteure se lit facilement, rapidement. Malgré une retenue sans doute journalistique, une petite pointe d'émotion arrive quand même, subrepticement, à passer. Cependant, ce n'est sûrement pas le grand livre de la rentrée, juste l'habile portrait (un peu people) d'une famille dans les années 70 libertaires et de cette beauté brune au triste destin qui illustre pertinemment les suites de l'affaire Weinstein.
Quelque chose m'a dérangé tout au long de ce livre, aurait-elle eu envie que l'on sache tout ça d'elle, en plus de tout le reste? Suis partagée sur les livres post mortem...Je partage totalement votre avis sur le titre.
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