jeudi 27 septembre 2018

Capitaine de Adrien Bosc


La photo posée sur la couverture du "roman" d'Adrien Bosc donne envie. Des hommes et des femmes d'un temps révolu, sur un bateau... une impression de voyage ...ou d'exil ...car nous sommes en 1941 à bord d'un rafiot un peu pourri le Capitaine-Paul-Lemerle. Il part de Marseille, où, après un dédale aussi kafkaïen qu'éprouvant dans une administration aussi gourmande de paperasse que de suspicion, les passagers qui ont réussi à embarquer doivent gagner l'Amérique via les Antilles. A son bord, des migrants de toutes sortes, des juifs allemands ou d'autres contrées, des commerçants, quelques intellectuels, tous d'origine bourgeoise ( migrer oui, mais il faut de l'argent pour traverser l'océan).  La situation en rappelle une très actuelle et la référence est bienvenue.
Après un premier chapitre actuel, plutôt réussi, autour de la saveur de l'ananas que même un excellent  récit de voyageur ne peut transmettre, le roman nous transporte en 1941. Et là, très vite, la très nombreuse documentation accumulée par l'auteur autour de ce voyage nous tombe dessus. Le bateau part de Marseille à petite vitesse...le roman aussi. Tout d'abord, exit les passagers lambdas, l'auteur ne s'intéresse qu'à la crème intellectuelle à savoir André Breton, Claude Levi-Strauss ou Anna Seghers ( auteure allemande). A nous leurs petites biographies et tous leurs cheminements spirituels ...pas follement intéressants ( les courriers de Levi-Strauss à sa famille donnent un peu d'humanité au récit). Si l'idée était de transcrire l'ennui de tout ce petit monde et de le partager avec le lecteur, c'est parfaitement réussi ! On se rase pas mal ...alors qu'autour de Breton qui commente son rapport au surréalisme d'une façon très pontifiante, se recréé une micro société autour d'un marché noir ou des séparations du pont du bateau en quartier selon son rang ou sa religion. Adrien Bosc préfère rester dans l'entre-soi du Paris intello... 1941/2018 ...même combat!
Pour mieux vendre le roman, je lis et j'entends qu'il est également construit comme un calendrier de l'avent ... ?!?! Chaque chapitre va révéler au lecteur une petite surprise ...Mouais... si les chapitres sont effectivement tentateurs, " Un chat roux", "Dans la gueule du loup", " Il y a des vaches en Amérique?" ( des animaux donc... c'est si mignon !) la surprise, elle, ressemble plus à un bout de chocolat dont on sent  bien qu'il essaie d'être de belle qualité romanesque mais qui se révèle affreusement pompeux et donc pas très bon. Vers la fin du roman, on appelle à la rescousse un autre aventurier de l'époque, Tintin, mais rien n'y fait, on n'a qu'une envie c'est de débarquer enfin, de quitter ce bateau à bout de course mais terriblement snob.

4 commentaires:

  1. J'ai débarqué à la première escale... ^_^ (en revanche voire avis sur Arcadie m'a conduite vers une très belle lecture!)

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  2. J'ai entendu l'histoire du calendrier de l'Avent. Dans ce que j'ai entendu, ce qui me gênait, c'est ce fameux "Champs Elysés" et donc, la démarcation entre deux mondes. Tu confirmes, alors je crois que je vais passer mon tour

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  3. Malheureusement je confirme la lassitude qu’engendre cette lecture. Moment d’histoire passionnant dans une mer d’huile

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  4. Cet étonnant patchwork d'éruditions recomposées dans un huis clos
    fascinant
    pouvait servir de point de départ à une critique d'un monde rejeté, exilé
    mais reconstruisant ses règles propres.
    Las , ce récit se limite à une compilation factuelle, disparate et assomme
    la lecture d'un style pompeux ou précieux sans réussir à ne pas être que
    superficiel.

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