lundi 10 juin 2019

Egarer la tristesse de Marion McGuiness

Avec un chat ( comme dans le roman), c'est plus mignon!

Editeur encore sous le giron familial, et longtemps spécialisé dans le livre documentaire, Eyrolles depuis quelques années a fait une incursion remarquée dans le roman ...qui fait du bien ( pour prendre un thème actuel). Ainsi, le roman de Raphaëlle Giordano "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une "  a fait un carton et la collection s'est dotée ensuite de titres à rallonge comme "N'attends pas que les orages passent et apprends à danser sous la pluie" ou  ( si, si, c'est vrai) "La vie a parfois un goût de ristretto". Toujours un peu curieux ( et sans doute pas encore vacciné après les lectures des oeuvrettes de Mme Martin-Lugand ou Mme Grimaldi), j'ai décidé de me plonger dans une de leur dernières productions, au titre plus court et plus beau : " Egarer la tristesse", premier roman de Marion McGuiness qui a déjà un nom dans l'édition pour avoir fait publier quelques ouvrages autour de la grossesse et du maternage. 
Bilan: rien de neuf dans une littérature, oups pardon, dans un produit ciblé pour des lectrices ayant besoin d'être cajolées. Une femme célibataire rencontre un homme qu'elle déteste d'un premier regard et qui finira malgré tout dans ses bras.  On connaît l'histoire ! Bien sûr, on trouvera quelques originalités à la marge. 
L'héroïne d'abord. Elise n'est pas une belle célibataire acoquinée avec un fiancé falot ( mais jamais phallo), mais une veuve inconsolable pourvue d'un enfant en bas âge. Pas facile de se recaser avec un bébé vagissant et toujours collé à sa mère, d'autant plus que son deuil insurmontable la laisse négligée, le sein ( allaitant) tombant autant que la fesse, le cheveu gras et la mine défraîchie. Ceci dit, elle n'a aucunement la tête à chasser le mâle, elle aurait tendance à le fuir. Détail qui a son importance, surtout dans un genre qui doit remonter le moral au lecteur ( lectrice? ), Elise est à l'abri du besoin, ce qui, avouons le, nous ôte une belle épine du pied car si en plus de son veuvage il fallait qu'elle se coltine un quotidien entre les courses chez Lidl et la vie infernale dans un deux pièces mal insonorisé, cela aurait été...plus intéressant. Mais non, notre donzelle habite un bel appartement à Paris au-dessous de chez une charmante mamie dénommée Manou. ( Dans les romans qui caressent le lecteur ( la lectrice?) dans le sens du poil, les mamies sont toujours adorables....et riches comme ici. Cette mamie a un petit fils, beau, grand, bronzé , souriant qu'Elise fusille du regard dans l'ascenseur lors de l'un de ses passages. Malgré cela, il est tout de suite attiré par cette femme pourtant décrite comme plus qu'insignifiante. Mais que voulez-vous, lui, au moins, il sait voir au-delà des apparences la beauté intérieure et du premier coup d'oeil ! Pas comme tous ces beaux mecs dans la rue...
Je ne raconte pas la fin... 
Le roman fait trois-cents pages. Trois-cents pages de bons sentiments, de ressassements de tristesse suite à la mort du mari, de petites touches d'humour ( genre sitcom télé) et de rebondissements faits pour rapprocher les deux héros, à base de jolie maison au bord de mer, de voisine hyper gentille mais ayant un passé douloureux, d'araignée dans une salle de bain ou d'enfant se perdant dans une fête aux produits du terroir. C'est gentil, reconnaissons une description du deuil pas inintéressante qui touchera sans doute un certain lectorat  qui ne veut surtout pas être un poil bousculé, mais qu'est-ce que je me suis rasé ! Même les deux méchantes du roman ( car il en faut) sont un ramassis de clichés. On a la vilaine maman de l'héroïne, bourgeoise égoïste et l'ex fiancée du beau mâle, belle et inconséquemment bouchée. Rien d'ébouriffant, rien pour casser un peu le ronron d'une histoire ultra formatée et bien anodine. 
Conclusion : rien de nouveau dans l'édition de roman qui fait du bien. On me répondra que je devais quand même m'en douter, tant le succès désarmant de ce secteur qui nous inonde de livres sans aucune écriture et sans autre ambition que de faire tinter les tiroirs-caisses, laisse pantois.
Merci au site Babelio ( bien courageux) de m'avoir fait découvrir ce roman...


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