Un bon petit polar au coin du feu avec votre chat sur les genoux, ça vous dit ? ( Remarquez, un chien à vos pieds, un poisson rouge dans son bocal ou même aucun animal feront l'affaire). Je dis "petit" parce que " L'emprise du chat" se démarque énormément de ses confrères qui préfèrent jouer les gros bras ou les gros durs avec du saignant, du violent, du bien gore. Ici, le cadavre de la jeune femme femme n'a pas été découpé en morceaux après avoir subi mille tortures ou abus, il a juste était empoisonné ...comme au bon vieux temps d'Agatha Christie ou de Charles Exbrayat. Rien qui puisse déranger, ou presque, la jolie soirée d'automne du lecteur.
Avec ce point départ simple, Sophie Chabanel ne choisit pas l'outrance pour appâter le chaland, surtout qu'elle poursuit dans la même veine. L'enquête n'avance pas, chaque piste autour de cette jeune fille lisse et sans histoire s'avère une impasse....l'intérêt venant bien sûr de ce manque de prise des enquêteurs sur un assassinat bien mystérieux.
Autant vous dire que les rebondissements ne jalonnent pas le récit et malgré tout, on tourne les pages avec fébrilité et grand plaisir, car, il y a un plus dans ce polar : son héroïne ( et accessoirement son acolyte). Romano, c'est son nom, est une quarantenaire, célibataire avec deux chats et possédant surtout un caractère bien trempé. Mordante, envoyant valser la bien-pensance actuelle, les diktats de la mode ou des règles de vie en société, elle démonte avec finesse mais pugnacité tout ce qui passe à sa portée, de ses collègues policiers jusqu'à sa soeur en train de divorcer en passant par les pauvres bougres qu'elle interrogera voire ses deux chats qui font ressembler son appartement à un griffoir au bout du rouleau. C'est un festival permanent durant la totalité du roman, faisant passer l'intrigue au second plan ( même si dans la deuxième partie nous avons droit à quelques rebondissements et même à une poursuite en voiture,, comme quoi le genre n'est pas si renié que ça).
Rien pour que son enquêtrice ( et son adjoint, classiquement aux antipodes de sa chef), le roman mérite vraiment le détour et nous repose élégamment de tous ces polars plus glauques les uns que les autres ( même si ici, on aborde un sujet qui aurait pu donner des pages nauséeuses). Bien mené, hyper bien dialogué, ce troisième tome de la série "du chat", sans doute le meilleur, donne vraiment envie de retrouver Romano bien vite.
Petit avertissement aux amateurs ( nombreux) des chats, Ruru acoquiné à Mandela ( félins ainsi nommés par leur maîtresse) n'apparaissent que très peu et de façon totalement anecdotique...
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