dimanche 29 janvier 2017

La plus folle de nous deux de Hélène Risser


La narratrice journaliste free-lance mais aussi responsable d'un petit festival rohmérien situé dans une pimpante station balnéaire, rencontre lors d'un cocktail, le jeune conseiller de Noémie Leblond, candidate à la primaire de son parti. Coup double pour cette observatrice acérée du monde politique, elle est séduite par ce jeune homme ainsi que par la maîtrise de la femme de pouvoir en passe de devenir la favorite à la présidentielle. Mêlant intérêt personnel, c'est à dire mettre dans son lit un jeunot de 18 ans son cadet et intérêt professionnel ( ou opportunité) en approchant cet animal politique pour engranger de la matière afin de publier, en pleine campagne, un portrait fouillé de cette candidate incontournable. Mais à quarante-cinq ans, on a des doutes quant à son pouvoir de séduction aussi bien avec un jeune tendron que face à un animal politique dont la maîtrise absolue se révèle être une forteresse imprenable. Naîtrons des interrogations sur sa vie, sur son rapport aux autres et sur son enfance passée au sein d'un hôpital psychiatrique sous le regard pas très bienveillant d'un père psychiatre. La folie rôde, aussi bien celle, bien agréable parfois, de la folie amoureuse que celle plus profonde, plus insaisissable aussi, qui fait de nous des êtres pas tout à fait dans les normes...
Un couple avec une différence d'âge marquée, une candidate à l'élection présidentielle et hop, on sent le roman qui tombe à pic au moment de notre campagne électorale. On peut penser à un certain opportunisme et pourtant, je ne pense pas que l'on soit dans cette logique. Ce qui a transparu durant toute la lecture, c'est l'évidence d'un autoportrait vaguement déguisé de l'auteure. Hélène Risser, journaliste sur la chaîne LCP et fille de psychiatre, même tranche d'âge que sa narratrice, me paraît bien être l'héroïne de ce roman. L'écriture cerne admirablement les émois de cette quarantenaire, ausculte avec pertinence et perfidie cette femme politique mais patine un peu lorsque elle essaie de relier tout cela à l'univers psychiatrique et à la relation avec son père. Les liens qu'elle tente de tisser entre ces deux mondes si dissemblables ne m'ont pas convaincu.  Ces deux univers ne communiquent jamais réellement et donnent au roman un côté un peu bancal. C'est dommage car Hélène Risser sait trousser de redoutables portraits, grinçants et drôles, mais a du mal à conserver cette distance lorsqu'elle évoque le père. Sujet trop proche du réel ? Et si c'est la vraie raison, on sent encore l'emprise exercée par celui qui, comme décrit dans le roman,  ferme la porte à tout dialogue constructif .
Quand j'ai refermé le livre, je me suis dit qu'il y avait un sujet de trop ( le père ) pour que cela fasse un bon roman divertissant. Mais en même temps, j'ai eu l'impression que l'auteure se livrait intégralement dans cette  pseudo fiction qui possède énormément d'accents de vérité. Alors ? Que dire de ce livre bien écrit, sensible c'est certain, drôle aussi ? Dommage d'avoir voulu trop en mettre..., la partie familiale aurait sans doute mérité un traitement à part. 

2 commentaires:

  1. Jene pense pas qu'Hélène Risser ait voulu faire un livre divertissant. Je trouve que le livre montre la collusion entre les journalistes et le monde politique, les failles des deux femmes.

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    1. D'accord avec ton point de vue. Tu as plus aimé que moi. Cependant, le portrait politique n'est quand même pas bien original et celui de la femme et de ses failles traité tout de même avec un ton assez humoristique qui donne au livre un ton léger malgrê cet apport psychanalitique.

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