dimanche 1 janvier 2017

Et si tu n'existais pas de Claire Gallois


Ah les souvenirs d'enfance ! Que de lignes romancées, reconstituées, remodelées, écrites à l'os au plus près du souvenir ne furent écrites, publiées. Le sujet voisine inévitablement avec le ou les  portraits d'un père aimant ou pas, d'une mère adorable ou marâtre, tant l'enfance reste liée à un attelage familial plus ou moins disparate et confortable.  La source ne se tarit jamais et c'est toujours avec une même curiosité, teintée du plaisir de replonger dans ce moment si particulier et si fondateur de nos vies, que l'on continue à découvrir celle des autres. Ces parcours si divers, filtrés par l'écriture, le style ou le regard d'un auteur, font de ces souvenirs  un espace réflexif où nous nous confrontons à l'autre mais aussi à nous même. Bien sût tout ne se vaut pas, loin s'en faut. Cette réécriture du passé peut engendrer banalité, point de vue trop sentimental ou au contraire sensationnalisme, tout étant affaire de dosage, de sensibilité, de talent.
Claire Gallois dans "Si tu n'existais pas" n'échappe pas aux règles du genre, la famille est bien présente. Père, mère, aïeux, tous ont participé à accompagner ses pas dans la vie mais pas plus ( et peut être moins) que le couvent des oiseaux où la petite fille fut paisiblement enfermée durant dix années. Celle qui reste dans son coeur, dans sa tête, gravée sur sa peau, c'est Yaya, nourrice qui durant quatre ans, dans un hameau de la Creuse, a su lui donner tout ces bons ingrédients que sont l'amour et la tendresse, étais pour toute une vie. Arrachée brusquement à cette femme pour un retour impromptu dans son vrai foyer parisien et bourgeois, la petite fille n'oubliera jamais ces mois de bonheur uniques. Une fois adulte, elle cherchera à retrouver celle qui sut lui offrir, plus que personne au monde et à un moment crucial, tout ces sentiments fondamentaux.
A première vue, rien d'extraordinaire donc, ni d'original.... Détrompez-vous ! Dans cette trame linéaire, à l'écriture soignée et subtile, serpente comme dans un thriller psychologique, un mystère constant dont je ne dévoilerai rien. Il est question de parentalité, d'un passé assez simple qui devient de plus en plus trouble lorsque adulte on y repense. Mine de rien, au creux de ces mots sautillants comme l'enfance se nichent des secrets de famille mais aussi un regard décalé sur l'amour filial. Qui est sa vrai mère ? La bourgeoise distante qui soupire et délègue ou la nourrice aimante et présente ? Est-on obligé d'aimer ses parents et vice-versa ? La force de ce court récit tient sans aucun doute à cette façon totalement  simple et normale de raconter toutes ces choses là, avec aménité, malgré un terreau qui aurait pu donner lieu à un règlement de compte. Et lorsque, au terme du livre, les choses se clarifient, Claire Gallois, nous plonge dans un autre aspect de cet amour dont la paisible description de normalité vaut tous les traités sur un sujet de société si sensible.
Bref , "Et si tu n'existais pas " l'est. Mais pas un mot, pas une ligne de trop dans ce récit qui sait ce qu'il a à dire, qui le dit bien, qui réserve un espace au lecteur pour qu'il s'émeuve et surtout s'interroge. Pour moi, la meilleure recette pour un livre de souvenirs autour de l'enfance. 

2 commentaires:

  1. Ce livre me tente vraiment, mais étant hyper sensible, en particulier sur les sujets liés à l'enfance, j'ai peur de pleurer tout du long...

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  2. ce recit ne fait pas pleurer ...il fait bouillir à petit feu .
    Un récit sans concession.
    A lire.

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