mercredi 4 janvier 2017

Nocturnal animals de Tom Ford



Voici un film plein comme un œuf, du générique de début jusqu'au dernier plan, les amateur de recherches psychologiques seront à la fête tellement "Nocturnal animals" est parsemé d'éléments troublants, signifiants voire sursignifiants. Ainsi, le film démarre de façon étonnante, plaçant la barre très haute dans le concours du générique le plus original de l'année. Nous sommes accueillis par des dames vieillissantes, nues, obèses, portant un chapeau et des épaulettes pailletées façon pom pom girl et dansant joyeusement, leurs rondeurs avachies voletant gracieusement grâce à un ralenti opportun. Le pourquoi de cette entrée en matière n'est pas réellement donné, même si l'on devine que ces dames font partie d'une exposition d'art contemporain dans la luxueuse galerie de l'héroïne ( critique sans doute du paraître et du matérialisme ambiant). Tout le film jouera durant deux heures à ce petit jeu ambiguë où le spectateur devra décrypter les différents indices que le réalisateur enfile comme des perles. Parfois leur visibilité apparaît comme trop appuyée, parfois cela titille le cerveau, parfois on voit mais on ne saisit pas le sens exact... et je ne parle pas des nombreuses références qui m'ont échappé mais que l'on devine tapies dans chaque plan ( le seul fait de les sentir présentes donne sans doute plus de mystère, voire de prestige au film).
Si je rajoute que "Nocturnal Animals" nous propose trois histoires dans trois temporalités distinctes, je vois déjà certains lever les yeux au ciel et se dire que voilà encore un pensum pour cultureux ! Hé bien pas tant que ça. Malgré son scénario complexe et enturbanné de références, l'histoire se concentre sur une femme trompée par son mari actuel ( donc en dépression) qui, pas de chance, reçoit des nouvelles de son premier conjoint sous la forme d'un manuscrit qui lui est dédié et donc la lecture la renverra à sa propre histoire. Le film narre à la fois, dans une image verdâtre et sombre l'effroi psychologique dans lequel l'héroïne est plongée et dans des tons orangers et violents, le contenu du manuscrit, un polar très rude abordant des thèmes aussi ravageurs que la culpabilité, la vengeance et bien sûr la mort. A l'écran, cela fonctionne très bien. On passe sans problème de l'univers ultra chic et glacé de la galeriste d'art à celui d'un désert texan et de son minable bungalow. Et même si dans le dernier tiers, l'accumulation de détails signifiants alourdit le récit et noie un peu le spectateur dans des interrogations auxquelles je ne suis pas toujours arrivé à répondre, le film interpelle, intrigue durablement et gagne aussi la partie grâce à son esthétisme impeccable.
Tom Ford, avec son deuxième opus, impose déjà une certaine patte, entérine son envie de filmer des rousses torturées ( Amy Adams après Julianne Moore dans  A single man ), de glisser un peu un érotisme ici de bon aloi en déshabillant  ses comédiens mâles ou en jouant l'ambiguïté avec des corps féminins et surtout en imposant un cinéma très psychologique et très critique sur un monde d'apparence.


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