Donner son avis sur "Chez nous " est un peu plus complexe que pour un film habituel. Le sujet sensible ( Une infirmière devient tête de liste d'un parti extrémiste de droite) sortant en plein début d'une campagne présidentielle incertaine, suscite des commentaires variés, parfois haineux et sans doute téléguidés par le parti en ligne de mire du réalisateur ( on les repère nombreux sur le site Allo ciné, la bataille des idées passe aussi par là !).
L'oeuvre est généreuse, salutaire voire courageuse mais, à mes yeux, pas totalement convaincante. La première moitié nous décrit comment, petit à petit, un notable va convaincre une brave infirmière témoin de toute la misère sociale actuelle, que le parti extrême défend de vraies valeurs généreuses. Si le glissement se révèle à l'écran trop facile, le réalisateur est assez habile pour montrer quand même les rouages du lavage de crâne, fait de séduction, de mots bien choisis, de discours flatteurs et aux raccourcis de café de commerce. On pourrait presque nous aussi être convaincus... Dans la deuxième moitié, cette propagande populiste ne sera quasiment pas démontée, le scénario se focalisant sur les racines néo-nazis du parti mêlé avec une histoire d'amour. Bien sûr, il est toujours important de rappeler les racines d'un parti d'extrême droite. Même s'il a troqué la tenue de barbouze pour le blazer bleu-marine bien plus rassurant, le fond reste identique, toujours fascisant et utilisant la crédulité des braves gens pour assouvir une soif de pouvoir loin d'être généreuse ( si pour le parti !). Et c'est sans doute sur ces propos biaisés, ces raccourcis propres à enflammer ceux qui ont perdu espoir que le scénario manque de force et bute justement à les démonter. En se focalisant sur l'histoire d'amour, le film gagne un peu en romanesque mais s'éloigne du politique. ( et sans spoiler, la dernière scène est juste peu crédible et même inutile).
Cependant, "Chez nous" reste formidablement interprété avec surtout Emilie Dequenne totalement crédible, qui porte le film sur ses solides épaules. J'ai aimé aussi ( quoiqu'en disent pas mal de commentaires sur les sites de cinéma) la représentation non caricaturale des gens du Nord, juste touchants dans leur quotidien. Alors, bien qu'un peu bancal, avec quelques facilités scénaristiques, le nouveau film de Lucas Belvaux a le mérite de prendre position et rien que pour cela, on peut déjà penser à aller le regarder.
Photographie malheureusement nette de notre paysage politique actuel... Quand on sort, on se dit juste comment changer la pellicule... Comment modifier l'objectif?(mais il est trop tard, on est à l'heure du numérique! Et tout va trop vite, on ne maîtrise plus rien!!)
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