lundi 13 février 2017

Le concours de Claire Simon


Le concours du titre est celui de l'entrée à la FEMIS, sorte de polytechnique pour les métiers du cinéma. En 2014, plus d'un millier de candidats vont caresser le rêve d'entrer dans cette école prestigieuse de renommée mondiale. Le concours  se déroule en trois parties étalées de février à juin, périodes, qu'hormis les vêtements des jeunes gens ou du jury, rien ne sera baliser dans le film. Qui dit concours dit sélection et aussitôt dans la tête du spectateur lambda apparaît le déroulé classique, façon "Nouvelle star" à la télé, consistant à suivre quelques postulants du moment où ils passent la première fois le grand portail de l'école jusqu'à leur éviction ( et donc leur déception) ou l'apparition de leur nom sur la liste finale. Sauf que nous sommes au cinéma et que Claire Simon est une grande documentariste. Bien sûr elle va s'intéresser à certaines ces jeunes personnes dans les différentes phases de ce concours, mais sans s'attacher à une en particulier,  cherchant surtout à mettre en relief la tache ardue des différents professionnels composant les jurys. La FEMIS n'est pas une école comme les autres. Ce ne sont pas des savoirs qu'elle cherche, sanctionne, mais des personnalités en devenir dont les jurys devront détecter les potentialités, le talent. Alors, entre notations, études de dossiers, mise en situation et finalement un grand oral, ces cinéastes ou techniciens chevronnés vont questionner, s'interroger, débattre, pour choisir les heureux élus. En observant, écoutant avec empathie, assez bienveillants, ils détecter les possibles, choisissent ceux qui seront peut être les incontournables de demain. Bien que pourvus de grilles de sélection fournies par l'école, de conseils prodigués par la direction, la tâche s'avère complexe. Comment arriver à faire ressortir la vraie personnalité à ces jeunes adultes parfois stressés, parfois arrogants, parfois un peu exaltés ? Comment être certain qu'ils s'épanouiront dans l'école, que la voie choisie correspond bien à leurs désirs profonds et aux desiderata de l'école ? Entre remarques perfides sur la diversité souhaitée par tous ces hauts lieux du savoir ( Il nous en faut  15, 7 garçons et 8 filles, dont un black, un beur et aussi un pauvre !) ou petite joute oratoire sur la peur de passer à côté d'un génie lorsqu'un candidat semble malgré tout totalement asocial, nous assistons, passionnés à ces délibérations, quasiment transformés en membre supplémentaire du jury. Je ne vous raconte pas les discussions à la sortie du film ! "Le concours" nous est livré sans commentaires, la cinéaste ayant juste monté son film en plaçant nombre de moments signifiants, kaléidoscope d'éléments bien choisis, rendant parfaitement compte de la grande difficulté qui incombe au jury pour choisir les reçus.
Il  est évident que le film sera vu, revu, disséquer par tous les futurs postulants au fameux concours mais ne donnera sans doute pas les clefs pour la réussite, une personnalité et un désir des métiers du cinéma ne se fabriquant pas dans les livres ou les officines de bachotage. Pour le spectateur banal comme moi, on passe deux heures trop courtes à découvrir les coulisses d'un moment particulier que l'on a tous connus à un moment ou un autre : le passage d'un examen ou d'un concours, le tout filmé avec une grande maîtrise.


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