mardi 14 février 2017

Trop de lumière de Marinette Lévy



J'ai eu beau chercher sur le net, je n'ai rien trouvé, mais il serait étonnant que Marinette Lévy soit la soeur, l'épouse, la cousine de Marc. Rien dans le texte sans concession de son premier roman ne peut évoquer l'écrivain guimauve aux phrases sujet/verbe/complément taillées pour plaire au maximum. Dans "Trop de lumière", nous sommes plongés dans la tête de Léo Rivière, chanteuse à succès sur le point d'entamer une méga tournée après la sortie de son énième album. La star, la quarantaine bien entamée, connaît ses premières rides mais surtout une dépression qui va s'incruster au fil des jours. Toutes les aberrations de son métier, fait de concessions et de faux semblants, vont lui sauter au visage et l'amener à s'interroger. Ce sentiment trouble va être exacerbé par la mort tragique et violente de Mathias, ami d'enfance en totale rupture avec le monde qui l'entoure. De son passage dans une émission télé célèbre ( celle avec un animateur obséquieux assis sur un canapé rouge sur lequel se vautre un roquet à son pépère) à ses concerts dans les Zénith de province, tous les passages obligés d'une vedette de la chanson seront passés au crible de l'humeur particulièrement sombre et grinçante de la chanteuse. Cette lucidité lui laissera-t-elle l'envie de continuer à sautiller sur scène tout en susurrant quelques fadaises écrites au kilomètre ?
Il faut le reconnaître, ce premier roman est une prouesse qui a réussi à me faire tourner les pages avec avidité alors que son héroïne est loin d'être attachante, voire, par moment, imbuvable. Mais sans doute, l'envie de lire ce que j'ai envie de lire, à savoir cette description passablement méchante du show bizz, m'a complètement passionné. J'aime que l'on me raconte l'envers d'un décor qui joue beaucoup sur l'artifice, et dont la fabrication et les nombreuses compromissions sont décrites par le menu. La plume de Marinette Lévy court sans faillir, maniant le chaud et le froid avec habileté. De son personnage assez imbuvable, voire odieuse avec Brigitte sa fidèle secrétaire, dame de compagnie, esclave, elle arrive au fil des pages à lui donner un peu d'humanité, sans pour cela nous la rendre vraiment sympathique. C'est sans doute ce qui fait l'intérêt de ce premier roman qui séduit grâce justement à cette intransigeance narrative, jamais dans la réelle séduction ( et donc dans la facilité).
Bien sûr, l'histoire n'est pas exempte de quelques petits clichés romanesques, Léo Rivière étant un peu un archétype. Cependant, cela adoucit cette lecture rugueuse dans un contexte de jeu de massacre et permet une lecture facile, façon tourne-pages.
Malgré son côté mal aimable, ce premier roman séduit au final par une réelle maîtrise narrative, un talent évident pour le portrait de quelques uns de nos contemporains et par ce savant dosage d'humour grinçant et de réalité brute et sans fard. Belle entrée en littérature pour cette scénariste dont je suivrai avec intérêt les prochaines productions.

2 commentaires:

  1. J'ai eu les mêmes interrogations quant au nom et... suis passée à autre chose. Comme quoi, les à priori....

    RépondreSupprimer
  2. C'est drôle j'ai justement lu ce roman (suite à un article élogieux dans Le Monde des livres) et adoré aussi! Tu en parles très bien rien à ajouter :-)

    RépondreSupprimer