Sous cette magnifique couverture d'un Marlon Brando bien moins renfrogné que sur la plupart des photos de lui qui me restent en mémoire, se cache un plaisant roman de détente. Et ce n'est pas péjoratif dans ma bouche, il existe différentes sortes de lectures, les plaisirs étant d'intensités variables selon l'humeur, le lieu et le moment.
Je fais tout de suite au sort au titre, sans doute alléchant pour une partie du lectorat mais d'hommes nus dans le livre vous n'en trouverez pas, car ils portent tous au minimum un paréo, puisque l'action se déroule à Tahiti, lieu paradisiaque par excellence dans l'esprit de ceux qui n'y sont jamais allés.
Ancien mannequin et zonant dans le milieu artistique parisien, Cheyenne se voit proposer l'écriture du scénario d'un biopic que les studios hollywoodiens désirent mettre en route. Ses origines polynésiennes ainsi que ce redoutable prénom donné justement en référence à la fille de l'acteur enthousiasment les producteurs.
Et voilà notre héroïne de retour sur ses îles natales après une décennie d'absence. Elle y retrouve toute sa famille et notamment sa sœur jumelle vivant toujours de son image de belle femme. Entre l'écriture chaotique du scénario, les retrouvailles familiales empreintes d'un lourd passé et le début du tournage du film avec une star mondiale dont je tairais le nom, la vie de Cheyenne va ressembler à la tempête tropicale qui s'annonce.
Roman léger, "il faut se méfier des hommes nus" se paye quand même le luxe d'une construction un tout petit plus sophistiquée que généralement dans ce créneau. A l'histoire de Cheyenne, se mélange une petite biographie de Marlon Brando, insufflée par les paysages qu'il a habités quelques années ou qui ont servi de cadre au tournage mythique des "Révoltés du Bounty" en 1962. Anne Akrich en profite pour intégrer habilement quelques pages du scénario en cours d'écriture puis de réécriture, montrant l'élaboration chaotique et totalement édulcorée voulue par les studios américains.
Sinon, l'histoire, après un départ plaisant, dévie assez vite dans un scénario pour téléfilm, les rebondissements s'enchaînant mécaniquement. Certes, l'image de Tahiti est bien recadrée, envoyant valdinguer la plupart des clichés qui y sont attachés et, pour ceux qui désirent un bonus plus psychologique, le thème du mensonge ( cinématographique et familial) serpente entre deux fêtes et trois prises de coke.
Pas déplaisant grâce à une écriture assez finaude et un ton légèrement sarcastique bienvenu, ce deuxième roman de Anne Akrich pourra trouver sa place dans une valise lors d'une semaine de détente. Bien au-dessus de la moyenne d'un genre souvent sans ambition, " Il faut se méfier des hommes nus" fait parfaitement le pont entre Gilles Legardinier et Daniel Pennac.
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