vendredi 24 août 2018

Swing time de Zadie Smith


Publier Zadie Smith en cette rentrée littéraire, c'est à priori posséder une championne qui risque fort de gagner la course à l'emballement critique et peut être public. Hélas, à la lecture de "Swing time" , après un départ en flèche, l'auteure anglaise s'emberlificote dans sa narration qui la voit terminer ses 470 pages sérieusement essoufflée.
Au départ pourtant, la mise en place des héroïnes, deux adolescentes métis d'une banlieue de Londres au début des années 80 s'avère littéralement époustouflante. C'est avec un enthousiasme certain que l'on découvre cette plongée dans leur quotidien de futures adultes. Leur passion pour la danse dans un univers ultra populaire est auscultée par une écriture ample dont la finesse de l'analyse laisse présager un grand moment de littérature. La trame romanesque ( assez classique surtout depuis Elena Ferrante ) promet donc de suivre la destinée de ces deux copines qui vont se heurter au déterminisme social qui les engluent dans leur HLM qui, ici, sera doublé par leurs origines raciales.
Ce premier tour de piste magistralement posé, permet d'embrayer pour la suite et le parcours forcément divergent de ces deux jeunes filles. Mais que ce passe -t-il ? La foulée devient plus hésitante dans la construction. La narration joue avec le temps, essaie d'insérer les deux destins dans le même récit  pour finalement choisir une trame croisée plus classique. L'audacieuse et douée Tracey va vite démarrer une carrière de danseuse, tandis que la narratrice plus sage, va devenir par les hasards de la vie, l'assistante personnelle d'une méga star internationale de la chanson ( un genre de Madonna). On sera donc beaucoup plus plongé dans la vie trépidante d'une célébrité que dans l'univers de dèche que se prépare sa copine. Arrive donc, une escouade de personnages secondaires qui peinent à exister car uniquement là pour permettre à l'auteure de placer force messages et points de vue. Trop sans doute, car si certains passages continuent à faire mouche, le roman part dans tous les sens, oubliant sa ligne directrice. Et soudain, entre quelques rebondissements incertains, surgissent des thèmes divers et variés allant de la description du show biz jusqu'au poids de la diaspora noire dans l'inconscient de notre narratrice, en passant par une critique de notre société de services qui rend l'humain invisible au le pouvoir de l'argent et de ses limites quand il se mêle de faire la charité en Afrique.
Zadie Smith peine à amalgamer l'ensemble, n'arrive plus à tenir le rythme ni la flamboyance de son écriture ( même si quelques beaux éclats parsèment le récit). L'intérêt faiblit peu à peu et l'on referme le livre un peu déçu par toute cette énergie pas trop bien canalisée. "Swing time" restera un roman ambitieux, loin d'être inintéressant, mais plombé par une multitude de thèmes, pour certains juste effleurés. Le lecteur, un peu sceptique, se demande au bout de cette course de fond mal gérée ce que l'auteure voulait vraiment nous dire... 

2 commentaires:

  1. Tu n'es pas la seule à pointer ces défauts, cela se confirme ! dommage il était un des romans qui me tentaient le plus dans cette rentrée !

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  2. Les avis restent assez mitigés au final, je pense que je vais passer mon tour !

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