lundi 24 août 2020

Trencadis de Caroline Deyns

 


Trencadis ... Kesako? Un lieu? Un nom ? Un quartier branché de Barcelone pour artistes ? Non ! C’est une technique de mosaïque à partir de vaisselle brisée et présentement le titre de ce ... heu roman? Non ! Biographie? Non ! ... Essai? ...Pas vraiment... plutôt ...évocation autour de la vie de la plasticienne et artiste Niki de Saint Phalle me semble mieux définir ce livre en parfait accord avec son titre. 

En effet, en ne choisissant aucun genre, en bousculant les codes de la narration ( un peu de poésie, extraits d’interviews, bouts romancés sur l’intimité de l’artiste, témoignages, extraits de quelqu’uns de ses écrits, le tout en respectant la chronologie), Caroline Deyns compose brillamment une sorte de mosaïque littéraire vraiment à l’image de son héroïne ( et du titre donc...).

Se succèdent ainsi, la femme, son œuvre, ses combats, son féminisme, sa créativité pour sortir d’un enfer personnel à base de famille mal aimante et d’inceste, dans ce drôle de roman patchwork ressemblant à l’intérieur d’une de ces célèbres nanas dėcorée de morceaux de miroir.

Si ces pages, au style travaillé et vibrant, ne donnent que quelques reflets de sa vie de femme artiste, ce sont les plus brillants, les plus flamboyants mais aussi les plus sombres et les plus saillants qui en façonnent le portrait. Niki de Saint Phalle, avec sa liberté durement gagnée, se fichait du qu’en-dira-t-on et « Trencadis » lui rend un hommage parfait en envoyant valser les conventions littéraires du genre.

J’ai été emporté par l’intensité narrative de ce texte teinté d'un fort militantisme féministe. Caroline Deyns, passionnée et passionnante, dresse ici un hommage magnifique à une femme dont la production artistique multiforme a secoué la société d’après-guerre et permet ainsi de continuer à faire résonner une œuvre qui reste singulière et ô combien d’actualité.  



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