samedi 21 août 2021

Drive my car de Ryusuke Hamaguchi


 "Drive my car" , tiré d'une nouvelle d'une cinquantaine de pages d'Haruki Murakami, a obtenu le prix du scénario au dernier festival de Cannes, sans doute pour avoir réussi à transformer ce court récit en film de 3 heures. 

Pourtant, en regardant le film, on peut se poser la question quant à l'attribution de cette récompense, celui de la mise en scène lui serait allé comme un gant, tant le film en impose par son impeccable et magnifique mise en espace mais pas pour son scénario, manquant de rythme et virant parfois à une certaine redondance. 

De la matière, il y en a, ce n'est pas uniquement une question de rapprochement entre le metteur en scène héros du film et sa conductrice, loin de là. Yosuke Kafuku s'il doit accepter de se laisser conduire, se débat avec un certain nombre de problèmes personnels, qui vont du deuil à faire et de sa fille et de sa femme, doublé d'un certain sentiment de jalousie voire de vengeance. Cela occupe bien la première moitié du film, la conductrice n'étant qu'une présence... Et comme le scénario développe d'autres pistes très annexes, rigolotes sur le papier ( et moins à l'écran) comme les histoires inventées par l'épouse lorsqu'elle atteint l'orgasme, longuement, très longuement évoquées par deux fois, le film traîne un peu la patte. 

Et puis, il y a "Oncle Vania" de Tchekhov... mis en scène dans un théâtre à Hiroshima ( visez le clin d'oeil subtil... ville au passé mortel et donc elle aussi dans la résilience...). Cela pourrait être totalement anecdotique, sauf que l'on bouffe du Tchekhov jusqu'à plus soif. On entend les répliques diffusées par l'autoradio de la jolie Saab rouge, qui roule quand même beaucoup à l'écran, passe longuement des tunnels ( peut être en référence à ces longs tunnels tchekhoviens), sillonne tout aussi longuement des autoroutes. Et comme si cela ne suffisait pas, on assiste à la lecture de la pièce par les comédiens ( avec pour seule originalité, de taille sans doute, mais assez anecdotique au demeurant, une actrice sourde jouant en langue des signes)  ainsi qu'aux répétitions ... puis à la représentation. Evidemment, les répliques font références à l'état d'âme des protagonistes, un peu elliptiquement au début, puis plus franchement, puis de façon plus insistante, pour finir par agacer complètement. 

Et c'est ainsi, que l'on sent vraiment passer les trois heures. Le film, est magnifiquement filmé c'est une évidence. La caméra est là où il faut, restant à bonne distance des personnages, attrapant le moindre regard, geste, la plus petite émotion. Mais pourquoi noyer ce récit qui aurait pu être bien plus prenant dans ce pseudo intellectualisme de bazar ( Tchekhov, c'est vachement chic et imparable et couplé avec la lenteur de longs plans contemplatifs, la jouissance n'est pas loin) ? Remonté, en version light, avec une heure de moins et en renvoyant ce bon vieil Anton dans sa cerisaie, le film gagnerait certainement en émotion. "Drive my car" reste toutefois un film à voir, car il y a vrai cinéma qui se déploie là-dedans, sans pour autant convaincre complètement, peut être jouant un peu trop sur le côté film de festival un poil rasoir... 



1 commentaire:

  1. Bonsoir Pierre D, je suis assez d'accord sur ce que tu écris surtout sur la longueur. Le film aurait gagné à être resserré. Bonne soirée.

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