jeudi 26 août 2021

France de Bruno Dumont


 Difficile de sortir totalement emballé du dernier film de Bruno Dumont. Le réalisateur, comme souvent, prend le spectateur à rebrousse-poil, en présentant un film étrangement construit, filmé, pas sympathique. La  promo se fait autour du thème du journalisme trash façon Cnews, mais ce n'est pas forcément ce qui est le mieux exploité dans le film, la vision cynique qui s'en dégage ne fleure pas beaucoup la finesse ( peut être parce qu'à l'aune de nos télévisions). Accompagnée d'une conseillère sans morale ( Blanche Gardin, en roue libre, et exactement comme dans ses spectacles comme si elle ne pouvait pas jouer autre chose), France de Meurs, ( Léa Seydoux de tous les plans, ( mal) habillée en Vuitton,  est la reine des médias grâce à sa façon de se mettre en scène autant sur un plateau télé que dans des reportages sur des zones de guerre façonnés selon une image bien précise. La démonstration s'éternise, voire se répète, le tout filmé avec un manque de moyen évident. Les zones de guerre semblent tournées dans quelques ruines du sud de la France, le plateau télé fait pauvret et Léa Seydoux peinant à être vraiment crédible en animatrice  achève de rendre cette partie pas vraiment passionnante. 

Ce qui peut retenir l'attention, serait plutôt le cheminement de cette héroïne franchement antipathique qui, en plus de souffrant de cette célébrité qui force aux soirées ennuyeuses parmi les riches de ce monde et aux sourires face à des portables friands de selfies, prend son pseudo professionnalisme en pleine figure et commence à mal le vivre. On oubliera vite l'histoire du jeune homme renversé ( et l'effarante maison de ses parents au chômage ....où l'on se dit que les gens de cinéma n'ont aucune idée des logements de la France d'en bas) et on regardera donc ( beaucoup, beaucoup) pleurer Léa Seydoux, partant vers une sorte de chemin de croix médiatique ( thématique chère à Bruno Dumont). On se demande si le réalisateur va arriver à faire l'acrobate de génie et finir par nous la rendre sympathique. Sans révéler la fin, la morale ( pas certain que ce soit le terme approprié) du film restera désespérante et donne ainsi une certaine allure à l'ensemble.  Pour l'anecdote, on trouvera comme d'habitude quelques tronches originales, une musique composée par Christophe juste avant sa mort ( un peu grandiloquente), Benjamin Biolay qui essaie de jouer encore une fois un mari potiche mais surtout une façon très originale de filmer les personnages dans une voiture, plans surprenants jusqu'à un accident monté comme un film publicitaire. 

"France", même si pas vraiment convaincant, peut être un poil trop long, mérite cependant le coup d'oeil, sans doute parce jouant sur tellement de tableaux, parfois contradictoires ou too much, qu'il finit par être original... façon nanar improbable. 


 

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