samedi 28 août 2021

La terre des hommes de Naël Malandrin


 Pour arriver à avoir un bon film, il faut avoir un brelan composé d'un bon scénario, de bons comédiens et d'un bon réalisateur.  Pour son deuxième film, Naël Malandrin, possède ce brelan et prouve qu'il est désormais un metteur en scène ( et scénariste) sur lequel il va falloir compter. 

Sur un sujet et un arrière-plan social casse-gueules, à savoir, le viol d'une jeune agricultrice qui se bat pour sauver la ferme de son père, on pouvait s'attendre à quelques clichés. Sauf que quand on est un auteur, on sait que le plus intéressant n'est pas l'évidence, ni la facilité, mais bien bien l'exploration d'un monde empli de zones grises. Le film saisit parfaitement toutes les ambigüités d'une histoire d'hommes dans lequel se glisse une jeune femme, qui va se confronter à une réalité où la fragilité d'un instant va tout faire basculer, mêlant intime et vie publique, intérêts et politique locale. "La terre des hommes"  avance comme un thriller sans jamais tomber dans le simplisme, ni le manichéen. 

Pour mettre encore plus en évidence ce discours très subtil, Naël Malandrin a su trouver une comédienne à la hauteur de cet enjeu : la plus que talentueuse Diane Rouxel. Déjà très remarquée dans quelques films de haute tenue ( "Les garçons sauvages" ou "Marche ou crève"), elle confirme ici son exceptionnelle présence et son interprétation exceptionnelle, où une caméra, souvent dans de longs travellings nerveux, ne quittant quasiment jamais son visage, permet de faire ressentir comme rarement tous les tourments de cette jeune femme. Cette comédienne est capable de tout et surtout du meilleur ( comme à chaque fois). 

Le film se regarde comme un très subtil thriller psychologique, sans l'ombre d'un temps mort et avec une intelligence scénaristique exemplaire. S'il y a un film à ne pas rater cette semaine, c'est bien celui-là.

PS : quand on regarde les génériques jusqu'au bout, on lit de petits détails qui parfois nous interpellent. Ainsi, si la production remercie à juste titre la maison Aigle ( les agriculteurs sont en bottes) on y lit aussi Agnès B. Serait-ce pour le tshirt kaki déformé que porte durant tout le film Diane Rouxel ? Si c'est le cas, bravo, il semble sorti de chez Kiabi en solde....  ( Plus certainement un mécénat de la dame très portée sur l'artistique....mais allez savoir ... ) 



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