Chez Catherine Cusset, il y a deux veines, la merveilleuse ("Vie et mort de Davis Hockney" pour ne citer que le dernier) et celle plus insipide ( "Indigo"). Manque de chance pour cette rentrée, sa nouvelle parution se range hélas dans la deuxième veine.
Derrière ce titre très dans le vent ( du commerce), propre à attirer tout ce public en recherche de bien être, et de quelconque félicité, que se cache-t-il réellement ? Certainement pas une définition du bonheur. Dans ce récit entrecroisé de deux femmes, on a un peu l'impression que Catherine Cusset essaie de dresser une sorte d'état de la femme à travers le parcours de Clarisse et d'Eve, deux françaises qui n'ont ( à priori) rien en commun. Leur vie assez banale au demeurant ( même si l'une d'elle vivra aux USA) sera alternativement racontée de l'adolescence jusqu'à la soixantaine. Les deux tiers du livre nous offrent un condensé assez cliché de la condition de femme qui peut se résumer ainsi : à l'adolescence on vit dans la crainte de l'agression ou du viol. La vingtaine c'est l'âge des voyages, des rencontres. A la trentaine on se case, on fait des enfants, on bosse ( et pas qu'à la maison). A quarante ans on découvre l'adultère ( le conjoint aussi ), à cinquante ans on attrape un cancer du sein et quand arrive la soixantaine, on dresse un bilan en se retournant ( déjà) sur le passé. Même si l'une des héroïnes sort parfois de ce chemin bien formaté, le récit reste somme toute banal. Le problème du livre, est que Catherine Cusset, pourtant souvent habile écrivaine, ne fait rien de cette banalité, n'arrive jamais à la transcender et à la tirer vers quelque chose de littérairement passionnant ( comme ce printemps Claire Lombardo avec l'excellent "Tout le bonheur du monde" chez Rivages). Et quand arrive enfin le rebondissement que l'on devine depuis le début, l'intérêt n'est guère plus titillé surtout que soudain l'histoire s'embringue dans un cocktail covid/femmes battues qui fleure franchement le concept marketing ( merci Karina Hocine, la nouvelle prêtresse littéraire de chez Gallimard ? ).
On ferme la dernière page en ayant la désagréable impression d'avoir passé beaucoup de temps avec un livre qui ne vaut pas tripette tant la banalité, autant du style que de l'inspiration, saute au yeux. Un roman que l'on oubliera vite...
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