dimanche 5 septembre 2021

Mamers en mars 2021


 Alors que certains prennent un bol d'air iodé et franchement mondain tout en foulant un tapis rouge à la suite de Johnny Depp et avec l'espoir que la sélection annuelle de films américains soit meilleure que l'an passé, d'autres, en région ( comme on dit poliment dans notre capitale), jouissent des vraies joies du bon cinéma populaire et exigeant. Ils ont passé le week-end dans un de ces multiples festivals que des cinéphiles organisent avec passion et, notamment,  ces trois derniers jours à Mamers, petite sous-préfecture du nord de la Sarthe. Il s'agit de "Mamers en mars "( mais en septembre à cause du covid ) qui fête cette année sa 31ème édition. Cette longévité marque des signes de qualité autant que de confiance de la part des professionnels. 

Un temps estival, n'a empêché nullement les spectateurs de venir relativement nombreux découvrir une sélection attrayante et finement choisie. Mention toute particulière, à la sélection de courts métrages, aussi intéressante qu'éclectique, balayant beaucoup de genres et de thèmes actuels. Le jury a du avoir du mal à les départager. Leur prix est allé au plus cinématographique mais aussi le plus exigeant de cette sélection, "Noshtna Smyana" ( "Night Shift") du duo belgo bulgare  Yordan Petkov/ Eddy Schwartz avec une mention pour le très rafraîchissant "Candice à la fac" de François Labarthe, parodie très réussie des sitcoms AB productions des années 90. Le public, lui, a craqué pour le très réussi " Charon" de Yannick Karcher, film bluffant sur la fin de vie et sur le plus consensuel mais très maîtrisé "12h20" de Gabriel Kaluszynski. 

Dans la catégorie longs-métrages européens, le choix était évident ( prix du jury et du public), tant le nouveau film de Jasmila Zbanic ( après "Sarajevo, mon amour " il y a 15 ans) " La voix d'Aïda" survolait la compétition ou quand l'histoire d'une famille presque lambda côtoie la grande et permet à une réalisatrice inspirée de faire oeuvre de mémoire ( le génocide de Srebenica), le tout avec une actrice formidable ( Jasna Djuricic) et un sens de la mise en scène aussi spectaculaire que prenant. Ne le ratez pas, il sort en salle le 22 septembre prochain. 


L'autre sensation de ce festival, fut sans doute aussi, dans un genre vraiment différent, "Music Hole" de Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, comédie ultra déjantée au scénario bluffant et à la mise en scène délirante qui se plaît à nous faire découvrir une brochettes d'acteurs tous plus formidables les uns que les autres. Hélas, malgré un coup de main de Luc Besson pour la distribution ( il a été comme nous séduit par cet ovni ), le film n'a pas encore de date de sortie en France ( mais est visible en Belgique depuis 4 semaines). ( le jury lui a donné une mention spéciale). ( la bande annonce qui suit, ne reflète que très peu l'esprit fou et la mécanique de précision très maîtrisée du film)



On peut par contre être un peu plus sceptique quant au coup de coeur accordé au film finnois " Games People Play" de Jenni Toivoniemi, certes formidablement joué, mais ne dérogeant pas d'un certain cinéma scandinave, mélange de Lars Von Trier et de Thomas Vinterberg, caméra à l'épaule et réunion entre amis qui tourne mal, sans parvenir à être un tant soit peu original ou vraiment pertinent. On notera un prix d'interprétation pour l'acteur allemand Lars Eildinger ( vu chez Assayas ou chez Alice Winocour) , histoire de mentionner "Les Leçons Persanes"  qui a laissé tout le monde en larmes après plus deux heures de projection, même si l'autre premier rôle du film, Nahuel Perez Biscayart, le méritait tout autant. Cette coproduction européenne sortira début 2O22. 


Le reste de la sélection,  de bonne facture, n'arrivait pas à la hauteur de ces trois films là, aux sujets forts et ultra bien scénarisés. Et c'est là que l'on se rend compte, que les petits festivals, grâce à leurs équipes dynamiques et passionnés ( et jeunes pour l'équipe de Mamers) peuvent offrir aux spectateurs une programmation exigeante et cinéphile, et ainsi continuer à faire brûler le désir de découvertes dans leur région, donnant ainsi une  formidable image du cinéma en ayant qu'un seul objectif: travailler pour le public avant tout. Pour la formidable équipe de Mamers, qui allie accueil et professionnalisme, c'est mission doublement accomplie et c'est avec grand plaisir que l'on s'y rendra à nouveau l'an prochain ...et en Mars ( les 25/26/27 mars 2022).


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