Ne résumons pas le film, le thème n'est pas vraiment vendeur. Qui a envie de voir vivre pendant 48 heures une banlieusarde, mère célibataire, travaillant comme femme de chambre dans un grand palace parisien dont le quotidien se résume à courir partout entre la nourrice, le RER, une patronne zélée ( à ses actionnaires) et essayer de récupérer sa pension alimentaire ? Pas grand monde, tellement on a envie de se sortir de sa petite vie de fourmi travailleuse... Et pourtant.... on aurait tort de rater ce deuxième film d'Eric Gravel tellement il vous scotche sur votre siège durant 1h25.
Pour raconter cette tranche de vie apparemment ordinaire, le réalisateur adopte tous les codes du film d'action et dès que sonne le réveil de Julie, nous voilà partis dans une course effrénée qui ne nous lâche pas une seule seconde, tant le scénario, formidablement écrit, pensé, nous accroche à sa malheureuse héroïne pour mieux nous empoigner et nous faire vibrer, frémir aux nombreuses petites péripéties qui jalonnent cette histoire. Sans que cela ne sombre jamais dans le cliché, dans le déjà vu, le film balaye le quotidien d'une grande frange de notre population rarement représentée au cinéma, celle qualifiée de classe moyenne mais qu'un petit grain de sable insidieux peut faire basculer dans la pauvreté. C'est là que réside le suspens haletant du film. Tombera ? Tombera pas ?
Pour que le film fonctionne à 100 %, il fallait une grande comédienne à fort pouvoir d'identification. Le réalisateur l'a trouvée en la personne de Laure Calamy qui, si on ne le savait pas déjà, prouve ici qu'elle est désormais une de nos meilleures tête d'affiche. Le festival de Venise ne s'y est pas trompé en lui accordant son prix d'interprétation féminine en septembre dernier. Elle est est tout à tour tendre, stressée, stressante, (un peu) manipulatrice, combative, séduisante, drôle, effondrée, toute une palette infinie de sentiments avec lesquels elle joue avec une facilité, une grâce admirable et qui permet à ce film d'être un vrai thriller domestique plus que réussi.
Pas de doute, "A plein temps" est du bon, du très bon cinéma français, qui parvient à rendre passionnant et trépidant le très improbable quotidien d'une femme avec évidemment un regard un poil politique sans jamais appuyé son propos, laissant sa place au spectateur et à son sens de la réflexion.
Bonsoir Pierre, c'est un film qui m'a énormément plu. Julie est une battante et une guerrière. Ce n'est pas un film misérabiliste et cela qui est bien. Bonne soirée.
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