Saluons ce cinéma français, qui ose s'attaquer à un genre souvent labouré dans le cinéma américain : le seul ( ou presque) contre les méchants industriels qui polluent, tuent sans l'ombre d'un remord ( dernier exemple en date Dark Waters de Todd Haynes ). Le thème central tourne autour des pesticides qui tuent autant les agriculteurs que les consommateurs avec la petite variante autour de l'influence des lobbys.
"Goliath" mixe trois points de vue différents, celui des agriculteurs, celui d'un avocat qui se voit confier la défense d'une famille d'agriculteurs endeuillée et celui d'un lobbyiste.
Trois situations complémentaires mais aussi trois façons de filmer chacune, sans doute pour bien marquer chaque univers mais qui, au final, enlève de la cohérence et de la force au film. Les vies des agriculteurs nous sont présentées dans une sorte de cinéma chichiteux, flou, peut être poétique pour montrer combien la vie de famille est belle à la campagne quand tout va bien mais entrecoupé de scènes plus sèches mettant en scène la colère de certains ( formidablement mélo Emmanuelle Bercot ). La partie judiciaire ne brille guère malgré la détermination d'un avocat un poil dépressif qui est interprété par un Gilles Lellouche en petite forme donc pas vraiment convaincant. On retiendra surtout la partie sur le lobbying, sujet peu traité au cinéma mais ici concentrant toute l'énergie du cinéaste autant dans le traitement du personnage central ( excellentissime Pierre Niney) que dans des dialogues parfaits mettant bien en évidence comment on manipule l'opinion avec les mots.
C'est grâce à ce regard sur un métier assez secret et ô combien destructeur et dégueulasse ( sauf pour les puissances de l'argent) que le film arrive à emporter l'adhésion, cachant ainsi la faiblesse du reste.
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